PATRIMOINE CULTUREL
PERSONNAGES CELEBRES
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Marinette Milhé
(née Labatut)
1908 - 1970
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L'origine
des Labatut se situe à Gavarret sur Aubouste, diocèse
d'Auch. |
Le nom apparaît
2 à 6 fois dans les Compois de Gruissan entre 1616 et 1771. |
C'est aux alentours
de la Révolution que Jérôme Labatut est mentionné
sur les registre d'état civil de notre village. |
Son fils Jean-Pierre
né en 1796 à Gruissan, était charpentier. |
Quelques générations
plus tard, il deviendra l'arrière grand-père de Marie
Labatut née le 23 avril 1908 au foyer de Félicité
Marthe Alléon et de Baptiste Labatut, navigateur. |
Marinette
avait pour frère et soeurs, Yvonne, Elisabeth
et Pierre
Labatut dit "Piston" surnom hérité de son
grand-père Jean Baptiste. |
Ce surnom est
mentionné sur une des chaise de la chapelle de Notre Dame de
bon secours. |
On peut dire
que Marinette n'a pas eu d'adolescence. |
En 1924, elle
n'a pas tout à fait 16 ans quand elle est mariée à
Jules Milhé (23 ans, pêcheur). |
A 17 ans à
peine, elle donne naissance à Aimé Milhé. |
Tandis qu'elle
ne voit plus sa soeur Yvonne éloignée de Gruissan, elle
perd son père en 1931. |
Marinette
va mener une vie active, à vendre du poisson, à élever
son enfant et surtout à soigner 12 années durant une grand-mère
infirme, Anna Milhé. |
Au décés
de cette dernière, le répit fut de courte durée
: |
En 1938 vint
la naissance d'Yvan, 13 ans après celle d'Aimé. |
Puis s'enchaînent
la guerre et l'exode à Sainte Colombe où elle travaillait
dans un hôtel-restaurant en échange de victuailles pour
subvenir aux bessoins alimentaires de sa famille réfugiée. |
Dès
la libération, à 37 ans elle a déjà vécu
près des 2/3 de sa vie. |
Pour arriver
à la fin du mois, elle ramassait les sarments pour les uns et
les autres. |
Elle n'hésitait
pas à se lever à 2 heures du matin pour emprunter, une
brouette entre les mains, les chemins rocailleux menant à la
Vigie où elle ramassait du bois menu pour alimenter le feu de
cheminée. |
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D'autres Gruissanaises
en faisait le commerce. |
Autant dire
que les coins étaient gardés "jalousement" secrets. |
Sa vaillance
avait fait de Marinette une force de la nature. |
Toujours d'une
humeur égale, sa bonté se lisait sur son visage tranchant
avec l'austérité de sa tenue vestimentaire. |
Souvent habillée
en noir, un tablier autour du cou, les cheveux retenus en arrière
par des barrettes, elle plongeait ses larges mains dans l'évier
à trier le poissons, à laver linge ou la vaisselle, quand
elle ne passait pas son temps à alimenter le poêle à
charbons ou à cuisiner au feu de bois, frites, bouillabaisse,
bourride
d'anguille, "saufrigit" ... et tant d'autres plats qui
régalaient nos papilles. |
Faute de
salle de bain, la cuisine était la salle polyvalente de la maison
où chacun faisait sa toilette, derrière deux ou trois
paravents servant d'isolation. |
Aux odeurs
de tabacs, de poissons et de mousses à raser de Jules, se mêlaient
tous les parfuns témoignant de l'activité de Marinette
: le savon de Marseille, la lessive bonux, la lavande, l'eau de toilette
"Bien être", la cuisine au feu de bois et l'odeur du
poêle à charbon ... |
Marinette
se pasionnait et jouait au tiercé qu'elle écoutait assidûment
sur le vieux et gros transistor d'après guerre. |
C'était
sa seule distraction, dans sa vie de labeur au service de son couple
et de ses enfants pour qui elle s'inquiétait souvent de leur
quotidien et de leur devenir. |
Sa bonté
lui faisait céder facilement aux caprices de son fils cadet qui
ne tenait pas en place et ne pensait qu'à se lever de table pour
monter à la tour. |
Quand Jules
prit la retraite anticipée, la pension plus élevée
que les faibles revenus de la pêche permit à Marinette
d'espérer des jours meilleurs sur le plan financier et des moments
plus longs et doux en famille. |
C'était
sans compter sur cette terrible maladie contre laquelle elle lutta courageusement
plusieurs années jusqu'à ce 23 décembre 1970 la
délivrant d'une souffrance que nous vous laissons imaginer. |
Sans se plaindre,
elle venait de rejoindre sa mère décédée
un an plus tôt. |
" Ce
jour là, mon père et moi arrivions devant la porte de
sa chambre à la clinique St Thérèse. |
Le voyant au
dessus de la porte étant allumé, mon père m'invita
à rester sur le seuil. |
Quand il franchit
le pas de porte j'entendis tante Elisabeth se lamenter au chevet de
ma grand-mère. |
Du haut de
mes 9 ans, je compris que je ne reverrai plus ma mamé. |
Je restais
planté dans le couloir, pleurant toutes les larmes de mon corp
devant le va et vient incessant des blouses blanches sans qu'aucune
des infermières religieuses daignent m'adresser un mot ou un
geste de consolation. |
Vous comprendrez
alors que les minutes me semblèrent longues et qu'aujourd'hui
je garde encore intact le triste souvenir de cette soirée. |
Quatre jours
plus tard un manteau neigeux venait recouvrir Gruissan. |
Les lendemains
de noëls blancs ne sont pas toujours heureux ! |
Ce 23 avril
mamé Marinette aurait 100 ans. |
Mes pensées
iront à une grand-mère qui m'a manqué et dont je
garde l'image d'une personne sensible, courageuse et attachante." |
B. Milhé
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Cf :
Mignard Nicolas - Le Cercle Généalogique Gruissanais.
F. G. |