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PATRIMOINE CULTUREL

PERSONNAGES CELEBRES

Albert Alléon

1894 - 1981


Né le 31 août 1894, Albert familièrement appelé Alerttou, était le fils de François Alléon et de Françoise Bonnot.

Au milieu de l'enfance, il quitte l'école pour travailler à la carrière de pierres avec son père.

Ensuite il multiplie les petits travaux qui seront interrompus avec la déclaration de la 1ère guerre mondiale, il était alors cultivateur.

A 20 ans, Albertou va être mobilisé et incorporé au 80ème régiment d'infanterie.

Lors d'une permission, à la plage, il sauve une Narbonnaise de la noyade, ce qui lui vaudra un article dans la presse locale.


Il se retrouve envoyé au front en Champagne le 26 décembre 1914, il y combattra jusqu'à ce qu'il soit grièvement blessé aux jambes par un éclats d'obus, le 17 juin 1915 à Perthes.

Hospitalisé durant deux mois puis convalescent, il récupérera l'usage de sa jambe, mais boitera toute sa vie.

En avril 1916, la Commission de réforme de Narbonne propose son changement d'arme pour l'artillerie.


Il intégra un temps le 3ème régiment d'artillerie pour passer ensuite au 38ème régiment d'artillerie, groupe à cheval, avec lequel il arrivera à Salonique, sur le front d'Orient le 28 octobre 1916.


Il ne sera relevé de l'Armée d'Orient que le 18 juin 1918 pour rejoindre le 3ème puis les 48ème et 6ème régiments d'artillerie, et retourner sur le front d'Occident.

Il sera démobilisé le 30 septembre 1919.

Il échappera à la mort, mais dera partie des blessés de la grande guerre dont il refusera toujours de parler.

Il lui arrivait de manifester avec véhémence sa désapprobation pour toute forme de commémoration militaire.

Au lendemain de la guerre, le 22 avril 1920 il prend pour épouse Jeanne Pesqui qui était dépositaire "Dos Coumizès", les représentants en textiles de l'époque.

Dix mois plus tard naissait Eugène qui était le doyen des Alléon.

Au cour de la seconde guerre, malgrès sa blessure, Albertou sera incorporé et affecté en mai 1940 au dépôt agricole n°163 de Narbonne puis sera envoyé au Camp du Barcarès pour garder les réfugiés Espagnols qui y étaient détenus.

Il refusera de faire "autre chose que la guerre" et refusera de surveiller "ces pauvres malheureux", aditudes qui lui vaudront quelques déboires.

Faisant valoir sa blessure et ses états de service, il obtiendra l'indulgence des autorités militaires qui l'exempteront pour la suite des conflits.

Enfin, il sera réfugié à Castelsarrasin, où vivait son beau-frère, et d'où il échangea une correspondance avec son frère Baptistou.

C'est ainsi qu'on apprit que, pendant cette période, il labourait avec des boeufs qui étaient beaucoup plus lents que les chevaux de son village natal.

A partir de la libération, Albertou pêche à la caluche pour gagner sa vie, travaille comme ouvrier agricole, puis comme saunier aux salins de Campignol, et enfin à la coopérative alimentaire "la Gruissanaise" en qualité d'homme de peine.

Il faut avouer tout de même qu'il était plus dans son élément quand il passait ses journées à la chasse, sa grande passion.

Les chasses au lièvre et au lapin étaient ses favorites, il ne dédaignait cependant pas la chasse au canard à "l'espera", notament après sa journée de travail aux salins de Campignol.

Avec l'âge, la marche en garrigue devenant difficile pour lui, il se postait souvent à l'affût dans sa rague du Fortin qu'il entretenait jalousement, et où il pratiquait le tir au fusil mais aussi, tant qu'elle était autorisée, la chasse traditionnelle au filet.

Il pouvait passer des heures accroupi, à débarrasser les "gets" de tout autres plantes qui pourraient retenir ses filets lorsqu'il les déclancheraient.

Les "gets" sont des espaces couverts de "pelhenc" (herbe de garrigue) o* étaient étendus les filets fixés à leurs extrémités à deux barres de bois qui les maintenaient ouverts.

Ainsi, dans de bonnes conditions, il pouvait capturer jusqu'à plusieurs dizaines de palombes selon la taille du vol piégé.

Albertou souffrait régulièrement de crises de paludisme, maladie qu'il avait ramenée de ses campagnes de guerre.

La fièvre occasionnée par ce virus le mettait dans un état d'affaiblissement extrême.

Ses handicaps étaient parfois prétexte à se faire servir, ce qui lui valu d'être surnommé gentiment "lou Mounarque", sobriquet qui rendait le personnage sympathique.

Il était reconnaissable à sa démarche et parfois à sa pipe au coin de la bouche.

La retraite venue, il prenait grand plaisir à cultiver son jardin, dont il était très fier, à faire pousser tomate, radis et autres salades, à s'occuper de ses arbres fruitiers, à soigner ses fleurs et surtout les roses qu'il préférait entre toutes.

A son décés en 1981, Albertou entra dans la galerie des figures emblématiques de Gruissan.

Il fit partie des 6 octogénaires de la famille qui nous quittèrent dans les années 80.

Cf
: Mignard Nicolas - Le Cercle Généalogique Gruissanais.
F. G.