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PATRIMOINE ETHNOGRAPHIQUE

Savoir faire traditionnel

Viticulture

La Vigne

Venue d'Asie, elle s'est répendue très tôt dans le bassin méditerranéen où ses grappes ont fourni l'une des premières boissons fermentées de l'humanité. Le commerce du vin, transporté dans des amphores de terre a été l'un des éléments essentiels des échanges maritimes entre les deux bassins de la méditérranée.

Parfaitement adaptée à notre climat, la vigne a toujours été cultivée dans notre région, avec l'olivier et le blé.

Sous l'Ancien Régime, bien qu'interdite par les propriétaires du sol (archevêques, ducs ou vicontes "sauf pour leur usage personnel !") la culture de la vigne fut pratiquée en fraude par les gruissanais dans des parcelles de guarrigues en terrasses entourées d'énormes murs de pierre, où les ceps étaient plantés "en foule" et travaillés à la houe.

Au XIXème siècle, le vignoble européen fut attaqué par un redoutable parasite, le phylloxera, mais l'utilisation des espèces dites américaines comme porte greffes permit de juguler ce fléau.




Feuille de vigne attaquée
par le phylloxera

Le vignoble de Gruissan devait connaître, durant la 2ème guerre mondiale un grand sinistre, dû d'abord au manque de produits anticryptogamiques, puis dès 1942 à la transformation en "zone interdite" truffée de mines et sillonnée de barbelés de la plus grande partie de sa surface. De 1942 à 1944, l'occupant s'attaqua aussi au matériel vinaire (récupération de cuivre) ainsi qu'aux futailles, utilisées comme bois de chauffage.

A la libération, la situation des viticulteurs était catastrophique : vignes à l'état sauvage et matériel saccagé. Il fallut deux années pour déminer le sol et mettre de l'ordre dans ce secteur sinistré.

Naissance de la cave coopérative

En 1947, une maigre récolte s'annonçait à la veille des vendanges. Où allait-on cependant la loger ?

Quelques viticulteurs courageux et soucieux de leur avenir : Auguste Affre, Pierre Bonnot, Paul Bassole, Léon Amigues et Pierre Satché lancèrent l'idée de la création d'une cave coopérative. Cette construction s'avérait particulièrement difficile compte-tenu du contingentement des produits de base : ciment, acier, cuivre. L'obtention de "bons" pour les débloquer aboutit après de laborieuses démarches. On construisit rapidement une série de cuves non couvertes et non clôturées d'une capacité de 2 000 hl. C'est peu si on compare aux 30 000 hl des récoltes d'avant-guerre, mais hélas suffisant pour un vignoble sinistré pendant 7 ans. Les travaux de construction reprirent après les vendanges et ne s'achevèrent qu'en 1948. A cette date, la cave est couverte, sa capacité est de 10 500 hl pour 175 adhérents. Mais ce n'est pas sans compter avec les ennuis matériels et financiers : matériels, car le terrain d'emprise était menacé par les infiltrations d'eau salée qu'il a fallu maîtriser (cuves sur pilotis) ; financiers, car les gruissanais ayant subi 2 années d'évacuation dans les villages de l'intérieur on vu leur épargne fondre comme neige au soleil. Cependant l'appel à la solidarité n'est pas resté vain et l'emprunt lancé à l'adresse des gens du village a connu un écho favorable de la part de tous, viticulteurs et autres. En 1955, l'emprunt était entièrement remborsé. Aussi, cette cave représente-t-elle aujourd'hui un acte de foi dans l'avenir de cette branche de l'activité économique.


Cave coopérative en 1950



Rennaissance du vignoble

Dés 1947, les viticulteurs adoptèrent une politique de reconstruction du secteur viticole entièrement axée sur la qualité. En 8 ans, deux cents hectares furent plantés en cépages nobles : carignan, clairette, grenache ce qui permit d'obtenir des vins rouges de qualité et de fort degré. On caressa même l'idée de produire des vins doux naturels, car les terres de la Clape le permettent.

Les agrandissements de la cave coopérative

La modestie des moyens financiers ne permit pas de réaliser les 30 000 hl initialement prévus, mais les récoltes augmentant, la cave s'avéra trop petite. En 1954 les 11 025 hl produits ne purent être entièrement logés et l'on eut recours aux caves particulières pour recevoir l'excédent. En 1955, le vignoble s'étend sur 322 ha et la cave coopérative compte 228 adhérents. L'augmentation prévisible des récoltes et la modification du système de réception de la vendange, devenu désuet, impliquaient un agrandissement.

Celui-ci fut décidé en 1956 et réalisé en 1957 pour porter la contenance totale à 20 000hl. Les 9 500hl supplémentaires sont réalisés en cuves superposées.

En 1983, dans le cadre de la vente directe et du développement touristique de la station qui offre une clientèle sur place, 4 cuves en inox de 260 hl chacune sont mise en place soit 1 000 hl supplémentaires. En 5 ans, la moitié du volume produit est négociée en vente directe. En 1986, pour satisfaire aux exigences de la clientèle et pour vinifier certains cépages isolément, 3 cuves supplémentaires en inox de 260 hl et une cuve de 1 000 hl pour assemblage complétèrent la cuverie totale, portée ainsi à 23 000 hl.




Les caves particulières

En 1947, toutes les vinifications étaient effectuées en caves particulières. Le plus petit récoltant avaient un foudre ou des cuves pour la fermentation, des demi-muids ou barriques pour la conservation du vin et résolvait avec incertitude les problèmes du pressurage, des soutirages et de la vente de son produit. Les gros propriétaire - au moins 600 hl - avaient eux, un matériel très adapté et élaboraient leurs produits avec une maîtrise garante de leur qualité. Ils continuent encore grâce à une connaissance approfondie de leur métier et une modernisation des installations oenologiques afin d'élever d'excellents vins.

Conclusion

Depuis la plus haute antiquité, Gruissan a produit du vin. Une civilisation de la vigne est née, qui a imprégné nos ancêtres et s'est transmise jusqu'à nous.Faisons fi d'une propagande qui tente de rendre le vin responsable de bien des maux modernes. Ecoutons plûtot la sagesse du grand savant Pasteur, qui déclare : "le vin est la plus saine et la plus hyhiénique des boissons". Et concluons par ce proverbe occitan, devenu le slogan d'un producteur gruissanais. "Ba sap qu'in tasto" (qui goûte sait !) Alors goûtez ... mais avec modération !

Historique de la cave coopérative de 1947 à aujourd'hui

De 1947 à 1958

A la veille des vendanges 1947, des viticulteurs tels que M. Parazols Paul, M. Bassole François, M. Satché Pierre, M. Amigues Léon, ont eu l’ingéniosité de créer une société coopérative agricole de vinification.

Cependant, bâtir représentait pour ces viticulteurs une épreuve difficile. Effectivement, la mise à disposition des différents matériaux pour la construction était soumise au régime du contingentement. Suite aux diverses démarches réalisées auprès de l’administration, ils réussirent à élever le 27 août 1947 une première série de cuves non couvertes et non clôturées dont la capacité totale représentait 2 000 hL. Les travaux de construction ont pu reprendre et se sont terminés en 1948 : la cave a été couverte et peut alors recevoir 10.500 hL. Durant ces années, on pouvait compter 175 adhérents.

De 1956 à 1958, des aménagements ont été effectués : travaux de cuverie, de bâtiments, des accessoires de cuves, des canalisations à vin, mais aussi l'installation de l’eau et de l’électricité.

De 1983 à 1995

En 1983 : réalisation de constructions, et investissement dans du matériel de cuve et de bureau.

En 1985 : Création d'un nouveau quai d'apport spécifique pour la macération carbonique, et achat de fûts de chêne pour l'élevage en barriques des cuvées haut de gamme.

En 1989 : la cave s’équipe en matériel informatique. Elle achète un chalet à la plage pour la vente de vins.

En 1990 : la cave accueille Pierre Richard, qui la missionne pour vinifier les vins de son domaine : le Château Bel Évêque. Afin d'assurer le renouvellement et la pérennité du vignoble de Gruissan, la cave octroie à ses coopérateurs des primes à la plantation de cépages améliorateurs.

En 1993 : la cave réalise un agrandissement du chai à barrique et de l’emplacement du stockage de bouteilles. Les Domaines de Bertheliers et des Inférêts rejoignent la Coopérative, ce qui permet d’apporter plus de 3OOO hl supplémentaires. Ces deux domaines font parties du Conservatoire du Littoral. Le domaine des Inférêts est aujourd'hui un lieu de stockage à barriques.

En 1995 : construction du magasin « Terroir de l’Aude ».

De 1997 à aujourd'hui

En 1997 : La Cave Coopérative de Gruissan fête ses 50 ans. Elle fait l'acquisition de 4 cuves de stockage de 800 hl. Elle investit dans un groupe froid. La Coopérative met en place un système de rémunération différenciée pour inciter les viticulteurs à privilégier une production qualitative, qui fait l’objet aujourd’hui d’un suivi parcellaire.

En 2000 : la cave rénove le magasin de vente . En septembre, agrandissement du lieu de stockage des bouteilles et des matières sèches… Elle achète deux pressoirs pneumatiques, et se modernise en matériel informatique.

En 2001, une commission technique est chargée de visiter les parcelles. De même, elle réalise des visites sur les plantiers pendant 5 ans. Cette année là, c’est aussi le lancement d’une grande cuvée : « GRUSSIUS ».

En 2002 : la cave crée un magasin aux « Ayguades » et achète le terrain qui se situe juste à côté de la Cave Coopérative pour agrandir le parking de la clientèle.

En 2005 : la cave crée un nouveau produit "Effet Mer". Coup de coeur des Vignerons de Gruissan, cette cuvée est sélectionnée pour son originalité et ses qualités gustatives. Il s'agit chaque année d'un vin différent (cépage, mode de vinification, élevage) conditionné en 3000 bouteilles numérotées, une cuvée éphémère donc ...

En 2008 : la cave édite une nouvelle bouteille sérigraphiée mettant à l'honneur le village de Gruissan

En 2010 : les vins de Gruissan percent le marché asiatique et nos bouteilles peuvent se retrouver sur les tables de Chine, de Hong-Kong, de Taïwan, de Corée ou du Japon.

En 2011 : le Caveau est entièrement réaménagé et agrandi pour pouvoir accueillir dans les meilleures conditions les amateurs de vins gruissanais. L'inauguration officielle a lieu le 16 juin 2011.



Vendanges


Vendanges


Cuves de stockage


Canalisations à vin

Cf : Gruissan d'Autrefois n ° 55, écrit par Pierre Salençon
F. G.