PATRIMOINE ETHNOGRAPHIQUE
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Savoir faire traditionnels |
La pêche à l'épervier |
I / L'épervier : |
Un bon épervier doit avoir une maille assez grande afin de sélectionner le poisson et ne retenir que ceux qui font la mesure (pour le muge = 20 cm) un fil solide mais fin pour le filet "descende" rapidement ; un armun pas trop lourd pour ne pas fatiguer la pêcheur ; un lin bien formé où le poisson viendra buter. |
II / Son utilisation : Pour lancer l'épervier on place une partie du filet (la moitié et à mi-hauteur) sur le bras, à hauteur du biceps droit et on prned dans la main droite le couguet. De la gauche on saisit quelques plombs qui pendent (côté intérieur bu bras). Le lancer s'effectue par une torsion rapide du corps de droite à gauche, accompagnée d'une rotation du bras droit à hauteur d'épaule. La main gauche imprime un mouvement circulaire à "l'armun", donc au filet. Ces deux mouvements bien synchronisés ont pour effet de projeter l'engin en avant et de "l'arrondir". |
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III / La pêche à l'épervier de course : C'est la plus sportive et la plus passionnante. En maillot et chaussures montantes, un sac de grosse toile sur l'épaule et l'épervier sur le bras, nous voici dans l'étang de l'Ayrolle, dos au soleil et au vent, vers 4 heures de l'après midi. Nous marchons lentement, dans l'attente du muge ou plus rarement d'un loup en quête de crevettes ou de civelles. Enfin voici un muge qui croise de droite à gauche. Ca y est ! J'ai lancé l'épervier et le prisonnier essaie, déjà, de soulever les mailles ! Vite, à quatre pattes, je fais le tour du filet pour enfoncer les plombs dans la vase, puis je cherche le poisson, les mains à plat. Je le tiens ! Frétillant! Nerveux je le bloque de ma main gauche et passe la droite sous le filet pour le saisir derrière les ouïes et le mettre dans le sac ! Et au suivant ! Voilà un gros muge qui essaie, entre des masses d'algues ("l'arbanel") et de mousses, de regagner l'eau libre. Je lui barre le passage et il se réfugie dans "l'arbanel" qu'il venait de quitter. Je le suis à la trace, sa nage se ralentit, il s'arrête, bien caché, presque invisible, mais je sais qu'il est là. L'épervier part ! Aussitôt c'est un bouillonnement. Il est vraiment gros ! Il faut faire vite ! Enfin je l'ai ! Cette pêche, vieille comme le monde, est pratiquée dans tous les continents. J'ai voulu, amis lecteurs, vous conter sa version gruissanaise. J. H. |
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Cf : Gruissan d'Autrefois n° 61 F. G. |