PATRIMOINE
ETHNOGRAPHIQUE
|
Pratiques artisanals
|
Vendémiaire
Les pressoirs
|
Véritables
carillons de vendémiaire, les pressoirs emplissaient l'espace de
nos rues de leurs tintements cristallins, monotones, toujours rythmés.
On en comptait au moins un par rue et les pressoirs banaux (ceux d'Aristide
et de Paulet Gaubert) venaient troubler l'agencement harmonieux de ce concert
d'octobre. Car c'est en octobre, quand la fermentation est terminée
et le vin coulé dans les fondres que commençait le pressurage. |
L'opération
consiste à tirer du marc, sous l'effet de la pression, un maximum
de jus dit "de presse" qui, mélangé au vin de goutte,
donnait un bon produit marchand. Quatre hommes au moins servaient le pressoir
: mise en place des claies, remplissage avec le marc égoutté,
pose des manteaux et poutrelles de bois entrecroisées (las anguialos)
et enfin longue épreuve de force sur la tige du levier, afin que
la douille d'acier, en tournant autour de la vis verticale, fasse pression
pour faire sortir le jus, aussitôt pompé dans le foudre. |
Le travail se
faisait lentement, pour permettre l'extraction complète du jus sans
trop forcer sur les pièces de bois de l'ensemble. La bonne odeur
de vin nouveau et de marc acéré embaumait les rues du village.
Après une taille du marc sur les bords, on reconstituait le gâteau
que l'on pressurait à nouveau, avant de le diriger vers la distillerie. |
Chaque propriétaire-viticulteur
avait son pressoir et sa cave. Le pressurage durait quelques semaines d'octobre,
ponctué par les bien-faisantes pluie d'automne qui tombaient le plus
souvent sous formes d'averses violentes ou bien, les jours de beau temps
et de vent, par le passage des palombes
qu'on se contentait d'observer à regret. Ces caves étaient
de véritables forums où les hommes se regroupaient et devisaient
de tout : travail, chasse,
politique, sport ... Véritables lieux de convivialité, ils
renforçaient les biens de la vie collective, qui ont malheuresement
tendance à se distendre aujourd'hui ! |
Pressoir banal d'Aristide
|
Pressoir monolithe
Don de Georges Labatut
|
Cf : Gruissan d'Autrefois n° 93
F. G. |