Sommaire / Patrimoine Culturel / Personnages célèbres / Famille Alléon / Léon Laffage

PATRIMOINE CULTUREL

PERSONNAGES CELEBRES


Léon LAFFAGE
1927 - 1981


Fils d'André LAFFAGE et de Célina DEJEAN, Léon était une figure Gruissanaise qui ne faisait rien à moitié.

Il passera toute son enfance à Gruissan.

Après un passage à Frontignan dans les chantiers de jeunesse, il entre aux salins du midi.

En 1953 il épouse Marie Thérèse (Mimi) BARREAU.

Saunier de père en fils, il su inculquer la valeur du travail à ses 3 filles Colette (1954), Marie (1956) et Louise (1962).


Réputé vaillant, Léon se rendait à pieds à Campignols comme le fit son père.


Syndiqué toute sa carrière, il défendra les conditions de travail qu'il partageait avec son frère, ses collègues et cousins sauniers.

Cette notion de partage il la puisait dans son engagement politique.

Fortement impliqué dans la vie locale, il fut longtemps secrétaire de la cellule du PCF.

Contre vents et marées, il restera fidèle à ses idées

Engagé, il l'était également dans la vie associative.

Très apprécié des jeunes, il a animé le comité des fêtes aux côtés de Simon Tiné avec qui il partageait aussi le goût de la musique (tous deux étaient clairons au réveil Gruissanais).

Il cessera la musique dans les années 50, mais à travers sa bonne humeur, il continuera à répandre le bonheur autour de lui.

Sa sœur aînée décède subitement en 1957.

En ce temps là, il était également en lère ligne sur les terrains de rugby où il était redouté.

A son actif, 3 challenges de l'indépendant et le titre de champion du Languedoc avec l'équipe de 1960 : il avait alors 33 ans.

En dehors du terrain, il était un bout en train.

Les Gruissanais ont encore en mémoire ses histoires et chansons paillardes, le souvenir de son déguisement en Carlos, et du refrain que reprenaient avec lui les supporters : " Ha ! Léon, Léon, Léon, roi de Bayonne, roi de Bayonne, Ha ! Léon, Léon, Léon, roi de Bayonne, roi des couillons !... "

Les anecdotes ne manquent pas. " Le voyage dans la lune " et " les clochettes ", racontés par sa fille Louise, vous seront relatés dans un de nos prochains bulletins.

Colette, sa fille aînée se fait le porte paroles de ses sœurs et nous livre une pensée pour leur père : "

Il avait un tel charisme, qu'il est arrivé à nous transmettre les valeurs essentielles de la vie, celles qui permettent de se construire mais aussi de se faire plaisir, et qui donnent un équilibre à la vie.

Il a été un père chaleureux, sensible à la justice sociale.

Il a beaucoup travaillé pour que ses filles et sa femme ne manquent de rien.

Mais il aussi beaucoup " bringué ", et il a eu raison car le temps lui était compté.

Il nous a donné autant le goût de la fête que du travail .

11 nous a fait rire, nous a encouragé, parfois grondé, mais surtout aimé toutes les trois de la même manière.

Il aimait les gens, ses copains de " broyeurs " : Chariot PESQUI, le CHACAL, Jeannot BRAS, Bouboule, André ALLEON, Jeannot GAUBERTet bien d'autres.

Avec certains d'entre eux, il a creusé le canal du salin à forfait, après sa journée de travail, les samedis, dimanches et jours fériés.

Pendant quelques temps, il a mis la fête de côté pour nous permettre de vivre a la Cité du Grazel.

Avec ma mère et mes sœurs, nous amenions à toute l'équipe des boissons fraîches pour se désaltérer et passer un moment agréable.

Nous nous déplacions à vélo.

Mon père n 'a jamais passé le permis de conduire car il disait avoir la vue trouble.

Par contre, ma mère l'a obtenu à 40 ans.

C'est ainsi qu'ils sont partis tous les deux en vacances pour la 1ère fois, destination Valloire, avec une " Ami 8 "

Il y avait aussi ses copains de " bringues " : Bibi, Germain, Francis mon oncle, Serge Cals, ... Simon Tiné et Georges Salacruch tambour major à Toulon.

Il était fier de ses copains.

Quand il est parti, le Réveil Gruissanais s'est remonté.

Tous ses copains et son frère étaient là.

Au début c 'était difficile pour nous d'aller les écouter.

Il nous en parlait tellement souvent, qu 'on trouvait injuste qu 'il ne puisse pas être avec ses copains.

Quelquefois, quand il avait le temps, il sifflait et tapait avec un doigt sur la table pour nous donner la cadence et avec mes sœurs nous tournions autour de lui et de la table en mimant une troupe de majorettes.

C'était un moment de joie intense.

Nous n 'avons rien oublié de lui, m de ses chansons paillardes que l'on reprend de temps en temps et que l'on transmet à nos enfants qui aiment aussi la fête et le travail.

Nous n'oublions pas non plus l'instinct humain qui l'animait.

Sa marraine Marinette BOUCHER lui a bien soufflé dessus.

Nos copines aussi, aimaient et appréciaient la compagnie de mon père.

Aussi, quand il nous demandait d'aller gratter les anguilles pour faire la bourride aux joueurs de l'aviron, on lui proposait l'aide de nos copines en échange de chansons cochonnes (chanson paillarde n 'était pas dans notre vocabulaire en ce temps là).

Il pensait qu 'on allait oublier de le lui demander, mais avant la fin du grattage, on s'arrêtait et on attendait la chanson que l'on chantait avec lui : la meilleure c 'était la Madelon en Breton comme il disait.

Des mauvais côtés il en avait peu et on les lui pardonnait.

Il était infernal quand il était malade.

Il avait deux mains gauches : les réparations dans la maison, les crevaisons de vélos ou de mobylettes c 'était pas son fort.

Le pire c 'était la sulfateuse qui ne fonctionnait pas quand il avait décidé que c 'était le moment de traiter.

Il s'en prenait à mon oncle qui avait droit à tous les noms d'oiseaux, alors qu 'il était absent de la vigne !!!

Mais pour ses filles c 'était un père parfait.

Pour tout ce qu 'il nous a fait vivre et donné, nous l'en remercions du fond du cœur, et on sait qu 'il restera toujours gravé dans notre mémoire.

Pour terminer, je voudrai ajouter un mot pour ma mère qui elle, en tant qu 'épouse a parfois été patiente avec lui.

Quelque fois, quand il sortait trop souvent, elle envoyait mon père coucher au boudoir (c 'était le divan du salon).

Il savait alors qu'il avait dépassé les limites.

Alors il se laissait sanctionner quelques nuits et puis il revenait dans le lit conjugal quand Mimi avait pardonné.

Il en riait et disait " Mimi m'a puni.

Elle est en colère, ça lui passera !! "

Elle a respecté son besoin de liberté et elle a participé à notre éducation malgré les aléas de la vie.

Léon menait donc une vie intense. La chasse faisait partie de ses loisirs préférés.

Mais son bon cœur lui joua un mauvais tour.

Un accident cardio-vasculaire va le diminuer physiquement.

A sa convalescence, il est muté malgré lui aux salins de Lapalme dont il devient le gardien.

Ce fut un grand désespoir de quitter Gruissan et ses amis.

Parfois, il allait tout au bout des terres du salin et muni de ses jumelles observait avec nostalgie la Tour Barberousse.

Fort heureusement, il recevait quelques visites : Léone et Simon TINE, Louisette et Yvan MILHE... et bien entendu sa famille.


Plus tard, il sera victime d'un accident de la circulation auquel il réchappera au volant de sa " voiturette ".


Il ne reviendra définitivement à Gruissan que pour s'y reposer à jamais dans le caveau familial.

C'était un jour de septembre 1981.

Tout le village était là, même 1' Abbé Pauc qui s'était déplacé pour sa sépulture civile.

Ce n'est pas donné à tout le monde, mais il avait marqué les cœurs et les esprits.

Il nous quittait en musique au son de l'Internationale, dernier clin d'oeil qu'il voulu lancer à ses proches et ses camarades, tout juste quelques mois après l'arrivée de la gauche au pouvoir.

Il allait faire 54 ans au mois d'Octobre.

Quelques palombes l'ont échappé belle !

Cf
: Mignard Nicolas - Le Cercle Généalogique Gruissanais.
F. G.