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PATRIMOINE CULTUREL

PERSONNAGES CELEBRES


Jeannine AMBERT

1913 - 2005


Fille cadette d'Anna ALLEON et d'André AMBERT, Jeannine est née à Gruissan, le 6 avril 1913.

Elle eut pour frère de lait Pierrot CARBONNEL qui est devenu musicien.

A l'école du village, elle tient la tête de la classe, réussit, première du canton, les épreuves du certificat d'étude et aurait pu devenir institutrice.

Mais elle préfère aider sa mère à l'épicerie, apprendre la couture avec une tante, marie CARDINAL, et participer aux fêtes du village avec ses amies, martine COULON, la pauvre MANU, Marinette ... elle aimait se baigner à l'étang (aux arènes) et surtout danser.

C'est au bal, alors qu'elle dansait pieds nus, une corde en guise de ceinture, que son regard a croisé celui de Martin MONIER. Coup de foudre !

Ils se marieront en 1935, après le délai de fiançailles.

Si vous allez au cimetière, passez devant leur tombe, elle vous montrera sa bague, mains étalées sur sa jupe ; elle est rayonnante, jeune mariée heureuse, aux côtés de Martin qui soutit d'un air fierot.

Jeannine est si jolie !

Le jeune couple s'installe à Marseille et, le nécessaire acheté, Jeannine achète une machine à coudre Singer.

La couture occupera la majeure partie de son temps, cousant ses vêtements, les rideaux et linge de maison.

Puis en 1938, elle préparera pour le bébé à naître un trousseau de petite princesse.

Années heureuses.

Martin navigue et Jeannine mène la barque... ! économisant en cachette sous après sous, elle permet la promotion de son mari au grade supérieur.

C'est en 1939 que, jeune père de famille, il a préparé à l'école d'officiers de Marine, le diplôme qui apporterait l'aisance.

Mais en attendant, toute cette année d'études, il a fallu tout coudre, et pas que les fonds de pantalons.

Clairette grandissait si vite, qu'il fallait tout rapiécer.

Draps, linge de corps devaient durer et, Jeannine cousait robes, jupes, manteaux, et tricotait, coton et laine, les autres vêtements.

Sa Singer, quelle auxiliaire !

La machine à coudre tournera encore plus quand, après la guerre, alors que tout manquait, il fallait " faire du neuf " avec les anciens habits.

De retour de La Serpent où elle était réfugiée, elle habillera la famille, taillant dans les " bons morceaux " d'un vêtement usagé, voire mité, reprisé, des vêtements pour la petite, " reprenant " les coutures des habits d'adultes revenus amaigris par les années de guerre.

Pour aider sa tante, elle s'occupait des petites Marie et Andrée, pendant que leur maman secondait le papa, Marius JOULIA, boulanger.

C'était pour Jeannine, jusqu'en 1948, le temps de la valise à roulette.

Elle quittait le village pour rejoindre le port quand le bateau de Martin accostait, reprenant le train quand le bateau levait l'ancre.

Séjours trop courts pour eux ; à peine le linge du marin lavé et repassé, après quelques repas de famille, une soirée au cinéma parfois, c'était le départ, coup de sirène du bateau, mouchoirs agités sur le quai et sur le pont, les au revoir, (pleurs de Clairette qui était du voyage les jours de vacances et qui trouvait son père si beau, casquette galonnée et boutons dorés).

Ensuite, sa fille entrant demi-pensionnaire au Collège Edgar

Quinet, Jeannine résidera à plein temps à Marseille comme aux premières années de leur mariage, retrouvant ses voisines sur la
place.

Ses tortues et son canari lui tenaient compagnie. Aux vacances, invitant sa plus jeune nièce Andrée, elle lui fera connaître, ainsi qu'à Clairette, les lieux intéressants de marseille.

Une intervention chirurgicale la contraindra au repos, et sur sa chaise longue, elle lisait et noircissait les cases de centaines de mots, croisés ou fléchés.

Ah ! si les sudoku avaient été dans les revues et journaux, comme le temps aurait passé vite !

Ses études terminées, sa fille s'inscrit dans l'Aude pour son travail.

Alors Jeannine fait à nouveau ses comptes ; et, trouvant qu'une retraite anticipée leur permettrait non seulement de bien vivre mais aussi d'aider leur fille, les voilà jeunes retraités en 1960.

Et comme ils ont bien fait !

Sept ans ensemble de plus pour les randonnée, la pêche et la chasse.

Les petits oiseaux, elle les aimait aussi vivants !

Elle a souvent mis en cage et relâché des chardonnerets, pinsons'ou serins qui n'avaient été qu'étourdis par le filet, à la passe.

Un jour, elle a sauvé d'une mort certaine un moineau tombé "nu" dans les cendres heureusement froides.

Patiemment nourri de pain trempé dans du lait au bout d'un bâtonnet, il a grossi, s'est emplumé et, mis en cage, a sautillé, puis voleté, reconnaissant sa nourrice.

Semblant heureux, il n'avait pas connu d'autres lieux. Pourtant, un jour il s'échappa.

Jeannine consacrera du temps pour tricoter, d'autant que, leur fille ,mariée à Emile MIGNARD, lui donnera quatre petits enfants.

Alors dès 1962, pour la saint martin, les commandes de laine se faisaient par kilo, car c'est quatre ouvrages en même temps qu'elle entreprendra dès 1970, tailles 2,4,6,8 ans !


Ses petits enfants, " MAMOU JEANNINE " les a gardés plus d'un an dans la maison de " l'escargot ", rue de la paix, jusqu'à la naissance du petit dernier, Jean Paul.


Une arthrose sévère la privera, plus tard, des plaisirs du tricot, et c'est le jardinage, sa passion, qui prendra tout son temps libre.

Les commandes de bulbes prenaient le pas sur les commandes à Bergère de France !

Plantes et fleurs décoraient le présentoir réalisé par Emile, tout près du bassin construit par Martin.

Lors d'une fête de Saint Pierre, elle a eu pour mission de faire sortir les musiciens par le jardin de l'église.


Lauriers roses, olivier, cyprès étant dans un triste état, elle demanda à l'abbé Pauc de lui confier la clef, afin de soigner ces arbustes.


En fait, elle en fit un véritable jardin du curé décoré de multiples fleurs qui faisaient l'admiration des passants.

Dans ce jardin, Pierrette BATUT nourrissait les chats errants du château, leur glissant sous la porte des récipients pleins de pâtée.

Quand cette amie des bêtes ne put assurer sa tournée, Jeannine l'a remplacée.

Elle n'avait qu'à traverser la Place Rachou avec la marmite ; alertés par le grincement de la grille, tous les chats accouraient à sa rencontre, puis repartaient vers les assiettes.

Elle les enfermait dans la cour pour les protéger des chiens.

Une jeune chatte prendra résidence dans la cour.

Elle a survécu à Jeannine, la cherchant à travers les rideaux de dentelle, quand Nicolas, fils aîné de Clairette est venu avec Nathalie vivre à la maison de la Place ;

A préciser que Morfalito, petit chaton noir cravate blanche, renié par sa mère en fin de sevrage ou orphelin affamé et que Négrita a accepté, habite encore là.

Il y a toujours eu un chat sur la fenêtre de Jeannine.

C'est bien vingt années de bon temps que Jeannine et Martin ont eu ensemble.

Gibier et poissons à cuisiner, mûres, azeroles et figues à " confiturer " dont elle réservait un pot " rien que pour Emile ".

Après il y eu les maladies, le décès de ses parents.

En 1996, c'est Martin qui, infirme et aveugle, la laissera veuve.

Ses dernières années furent éclairées par les visites de ses petits enfants et de ses quatre arrière petits enfants, Benjamin, Eléa, Armelle et Emmanuel.

Ces deux derniers auraient eu un frère aîné, mais Emmanuel Pierre n'a pas vécu et repose au cimetière de Gruissan avec ses arrières-arrières grands parents, André et Anna.

" MAMOU " JEANNINE s'éteindra en 2005, à l'âge de 92 ans.

Elle était une des doyennes des cousins ALLEON.

Cf
: Mignard Nicolas - Le Cercle Généalogique Gruissanais.
F. G.