PATRIMOINE CULTUREL
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Epidémie à Gruissan
Nous ne remonterons
pas aux pestes successives qui décimèrent les populations
du bassin méditerranéen et celles de Gruissan. En 1788 le village
subit une importante épidémie de petite vérole. Au
mois de juillet 24 enfants meurent, âgés de quelques mois à
8 ans. C'est l'épouvante. En août, l'hécatombe se poursuit,
mais le nombre de décés s'allège : 9 petits enfants
; en septembre : 4. La médecine
est, à cette époque, impuissante. Bernard Coural, André
Gase ne sont qu'officiers de santé. Il n'y a pas de pharmacien, et
surtout le manque d'hygiène est total : tout va au ruisseau, à
la rue, à l'étang. Prés de
cinquante ans après, hygiène et médecine ont fait des
progrès ; il y a un pharmacien à Gruissan, un service "des
épidémies" à Narbonne. Et pourtant !
l'été 1835, survient une terrible épidémie au
village.
Voici le rapport
de Joseph de Martin, médecin à Narbonne :
" En 1835
le choléra sévit avec rigueur à Gruissan ... sans qu'aucune
cause connue venant de l'extérieur en eût déterminé
l'invasion ... Plusieurs personnes dans toute la force de l'âge et
de la santé furent foudroyées en quelques heures ... la population
chercha sa surêté dans la fuite." A propos de fuite,
on sait que des patrons dont les tartanes étaient ancrées
à La Nouvelle s'y réfugièrent. Certains, déjà
atteints, y moururent et furent enterrés à Sigean. L'instituteur
avait, lui aussi, fui Gruissan et ses dangers. Les édiles s'interrogent
: Va-t-on lui payer son traitement ? Va-t-on le réintégrer
? Dans les délibérations, on n'ose pronocer le mot terrible,
on parle de "malheureuse épidémie". Quelques hommes
courageux, eux, moururent de leur courage. Le Supérieur du petit
séminaire de Narbonne "en allant porter le secours de son ministère
aux cholériques fut saisi ..." par le fléau. Un médecin
de Narbonne "venu voir ce qui se passait dans une maison fermée
depuis deux jours ... se sentit saisi par des émanations fétides
provenant d'un cadavre cholérique ... il fut atteint du choléra
et en mourut le lendemain". Le deuil était
sur le village, sur toutes les familles. Aussi, l'été suivant,
quand la Municipalité fut sollicitée pour voter un crédit
afin de célébrer la fête du Roi, elle s'y refusa. On
célébra seulement une "solennité religieuse".
Raison invoquée : la population est encore " dans la plus grande
affection". Cf : Marie
Rose Taussac - Archives Municipales de Gruissan - Essai sur la topographie
physique et médicale de la ville de Narbonne. Joseph de MartinF. G.
Voeu fait à
Notre Dame de bon secours par les habitants de Gruissan, pour lequel une
procession à lieu annuellement le 8 7bre (8 septembre) en mémoire
de l'invasion du choléra morbus asiatique qui décima la population
en 1835 du 28 juillet au 20 août (suivent les noms des décédés).