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PATRIMOINE ARCHITECTURAL

Architecture traditionnelle et vernaculaire.


La propreté des rues


Par arrêté du 10 avril 1832, le Maire M. Combes, prend des mesures concernant la salubrité de la voie publique, afin de maintenir la propreté des rues et de faire combler les creux à fumier qui avaient été pratiqués trop près des murs du bourg : "Les rues sont balayées, les ruisseaux sont lavés exactement chaque jour".

Malgrès cela, quelques mois plus tard, on voit encore du fumier aux coins des maisons. Le Maire trouve une raison : "Ce n'est autre chose que l'effet de l'éloignement des nouveaux creux à fumier qui demande de la part des habitants une assez grande perte de temps. Pour remédier à cet inconvénient, il y a un moyen qui donnerait un revenu à la commune. Tous les fumiers, boues et immondices qui pourront se trouver dans l'enceinte du bourg comme ceux qui auront été transportés à une distance de nos murs inférieure à 150 mètres soient mis aux enchères pour être affermés au profit de la commune". L'adjudication a lieu à la somme de 100 francs par an et pour une durée de 5 années. Dés lors les boues, fumiers et immondices sont enlevés quotidiennement. Le bail est régulièrement renouvelé et augmenté jusqu'en 1908.

Cette année là, il y a deux soummissionnaires qui ont déposé un pli cacheté : "celui qui s'est montré le moins exigeant ne peut s'engager à enlever les boues et immondices suivant les clauses du cahier des charges que pour la somme de 450 francs".

Le Maire propose alors deux solutions : "Faire enlever les boues et immondices par un employé communal, le fossoyeur par exemple, ou procéder à une nouvelle adjudication". Le Conseil opte pour la deuxième solution et modifie les clauses : "L'enlèvement devra se faire dans la matinée c'est à dire avant midi, la mise à prix maximum sera de 450 francs, la patente sera à la charge de l'adjudicataire, l'entrepreneur sera passible d'une retenue de trois francs, chaque fois qu'il sera constaté que l'enlèvement n'aura pas été fait pendant un intervalle de 24 heures, si cette infraction se renouvelait dans la quinzaine la retenue serait de 15 francs".

Durant les années qui suivirent cette décision a sûrement été reconduite. On ne trouve qu'en 1921 une nouvelle délibération concernant la propreté du village, on crée un emploi de "cantonnier de la voirie publique". Il sera chargé du cimetière : entretien et embellissement, creusement gratuit de toutes les fosses, ouverture des caveaux. Son travail fini, "il s'occupera des rues, quais et place, fera le pavage et au bessoin sera le surveillant tout indiqué des travaux d'entretien et de propreté des rues, son salaire sera de 4 000 francs par an. Le préposé jouira d'un repos hebdomadaire et d'un congé de trois semaines pour les vendanges".

Hélas, les problèmes ne sont pas résolus, et en 1923 lors de la séance du 19 août, le Maire expose "qu'il convient de solutionner enfin, cette question de la propreté publique et de l'enlèvement des boues et immondices car des plaintes se sont produites dans lesquelles est signalé le danger que représente par les chaleur actuelles, l'amoncellement des détritus et immondices dans certains quartiers. Après une discussion animée sur les moyens les plus pratiques d'aboutir à une solution satisfaisante, plusieurs conseillers proposent de créer un emploi de préposé à la salubrité publique, ces propositions étant faites par des personnes aptes à cette tâche. Cet employé assurera le parfait nettoyage de toutes les rues au moyen d'un tombereau et d'une bête de trait. Les détritus et immondices seront laissés à la libre disposition du préposé qui sera tenu de les tansporter à deux cents mètres du village, conformément à la loi sur l'hygiène publique".


Tombereau et son cheval de trait

Prosper Escrotel est chargé de la propreté du village. En mars 1948, le Conseil, considèrant que "l'hygiène d'une population dépend essentiellement de la propreté de son agglomération, décide que le préposé aux boues et immondices devra assumer journellement 2 heures de travail supplémentaires et lui vote à cet effet une indemnité mensuelle d'attelage".

Cet employé occupera ce poste pendant plus de 40 ans, avec toutefois une légère modification dans son statut professionnel. En 1948, sur ordre du Prefet, la Municipalité est tenu de réduire le nombre de ses employés municipaux (ils étaient alors 14, dont 7 seulement à temps complet). Le Conseil trouve une solution : "Le préposé à l'enlèvement des boues et ordures perdra sa qualité d'employé municipal, mais il sera l'adjudication de cette tâche pour une somme équivalente à son salaire".

La même année, la Municipalité juge "qu'il est indispensable de faire mettre en pratique l'usage de poubelles ménagères hygiéniques car il est intolérables que des tas d'immondices encombrent les artères publiques, ce qui n'embellit pas le décor du village. La santé des enfants et celle des adultes posent dans ce domaine un impératif catégorique en vue d'une amélioration immédiate de cette situation". Une poubelle sera mis à la disposition de chaque foyer de la commune, son usage aura un caractère obligatoire. Cette dépense sera financée par la taxe sur l'enlèvement des ordures ménagères qui existe aujourd'hui dans toute les communes.

La propreté des vrues est toujours assurée, dans les année 60 par Prosper Escrotel et les ruisseaux sont balayés par Paul Doumergue.

Aujourd'hui, modernité oblige, nous n'entendons plus tous les matins, les pas lents du mulet, mais les bruits tonitruants des moteurs des camions-bennes, et les vrombissements de la "moto-crotte". Le tri sélectif rentre dans nos habitudes et si nous voyons parfois quelques détritus autour des "Points Bleus", ce n'est dû qu'au non respect des règlements.

Cf :
Gruissan d'Autrefois n° 207. Archives Municipales, Mémoire collective.
F. G.