PATRIMOINE ARCHITECTURAL
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Architecture Traditionnelle et Vernaculaire
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La plage des
chalets avant 1900
1869 - Eugène Achille Gibert, premier amodiateur.
Etude historique de Léon MILHE
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Dans "l'Esté",
livre découvert par Paul CARBONEL à la bibliothèque,
nous apprenons que les trois étudiants parisiens viennent, l'été
1580 "se laver et baigner en mer de Grussac, l'eau de laquelle les
Egyptiens ont cru guérir de toutes maladies... et jetant leur vue
à l'entour d'eux ne virent que beaux sallons et vagues solitudes...".
La plage est le domaine des pêcheurs qui, "en leurs cabanes mettent
à cuire force poissons en de grandes chaudières...".
Ces cabanes de vielles planches étaient emportées par les
coups de mer et la plage retrouvait vite sa nudité. En 1820, l'acte
d'achat des lais et relais de la mer, précise l'utilité des
plages pour les gruissanais qui font paître les moutons et récoltent
joncs (fours) et salicorne (soude). |
C'est sous Napoléon
III, après 1850, que le plaisir des bains de mer devient une mode
... Citons l'article "Gruissan, nos bain de mer" paru dans le
journal "Le Radical" du 21 juillet 1889 : " Notre plage est
en pleine animation. Les baigneurs de l'arrondissement l'ont peuplée
comme un bourg. L'établissement Gibert ne désemplit pas. On
y savoure de succulentes bouillabaisses ... on s'y rafraîchit avec
d'excellentes consomations à l'abri d'un soleil de plomb...".
Cet établissement avait aussi chambre, écuries et cabines
de déshabillage près de l'eau. Il était construit sur
le Domaine Public Maritime au lieu dit Bramo Fam, soit devant la tête
de la 7ème rangée actuelle. Le chemin d'accès longeait
le Pech des Moulins puis, par la "piste aux salicornes", aboutissait
à la plage. |
La délibération
du Conseil Municipal (15 novembre 1869) demande "le classement de ce
chemin qui permettrait, avec l'aide du département, un empierrement
de 30 cm sur 2 100 mètres". Cette délibération
(Maire : Portes
Octave) n'a pas eu de suite favorable, mais nous apprenons : "
que ce chemin est devenu plus nécessaire que l'Administration des
Domaines vient de concéder une certaine étendue de terrain
pour un établissement de bains de mer qui pendant la saison d'été
a été fréquenté par un grand nombre de baigneurs
du département transportés par des services réguliers
de Narbonne à Gruissan." 1969 ! Cette date a permis au service
des Ponts et Chaussées, que nous remercions vivement, de retrouver
dans leurs archives, les pièces officielles que nous reproduissons.
L'arrêté du Préfet et le plan de la concession restent
le témoignage indiscutable de ce passé. |
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De petites baraques
se construisent, des Narbonnais surtout, le restaurateur Dedieu crée
un autre établissement à 200 mètres au Sud de celui
de Gibert. |
La fin du siècle
voit donc à Bramo-fam, une petite station balnéaire en pleine
essor. |
Mais l'hivers de
1899 sera fatal car un violent coup de mer ouvre le grau de l'étang
de Bramo-fam et creuse un profond chenal près de l'établissement
Gibert . Celui-ci ne résistera aux hivers suivants et sera entièrement
détruit et emporté par les flots. Fuyant ce danger, Dedieu
démonte son établissement et l'installe près du canal
que vient de creuser l'entrepreneur Rond. |
Le XXème
siècle commence, un nouvelle essor va naître ! |
Eugène
Achille Gibert (1840-1919), né dans une famille de menuisiers gruissanais,
était épicier-cafetier aux 10 et 12 de la rue de la Paix.
Aïeul de la famille Alléon Gimié, cet homme d'action
est le courageux pionnier qui marque la naissance des chalets. |
La plage des chalets de 1900 à 1942
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Le canal est la
liaison rapide village-plage-mer à la grande satisfaction des pêcheurs.
Une activité professionnelle se développe attirant les estivants
et les constructeurs de baraques. Fuyant le grau de Bramo-Fam, Dedieu reconstruit
son établissement au bord du canal en 1912. Le bord du canal a son
café-restaurant de bonne renommée ! La guerre 1914-1918 crée
une pause mais la paix revenue c'est un nouvelle essor. Les constructions,
sur pilotis plus hauts, deviennent plus confortables. En 1925 Dedieu vend
son établissement à Fabre qui le modernise. Mais il reste
le problème de la liaison village-plage pour les véhicules.
Tous les hivers des brèches canal-étang font des coupures
aux digues. |
En 1931, l'entrepreneur
Mairone pose un gros tuyaux aux brèches (la principale devient "les
3 tuyaux"). La digue est désormais un chemin, qui sera empierré
par Mairone en 1939 avec réfection sur 1 300 mètres. La circulation
est facile et cars et automobiles transportent des milliers d'estivants.
Ceux-ci, peu exigeants, n'auront ni l'eau courante (distribution par citerne
à 1 sou le litre en 1934), ni l'électricité (l'éclairage
reste la lampe à pétrole, à carbure ou la bougie). |
Puis c'est la guerre,
les chalets alignent leur tristesse ... 11 noivembre 1943, l'armée
allemande occupe la plage... 1944, les chalets sont transportés sur
les collines ou détuits : 578 constructions comprenant 5 habitations
en dur, 6 cafés-restaurants, 1 casino, 1 colonie de vacances (aérium
de Narbonne). Il reste la petite maison construite par Rond et un chalet. |
1944:
Les troupes d'occupation avaient rasé la plage, ne laissant que
des monticules de matériaux informes.
Seuls demeurent au dessus du cimetière du village quelques blockhauss.
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Transport
de chalets
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plage
des chalets en 1945
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Bon
cuisinier, Dedieu anime le bord du canal
Le gros bateau de pêche est le "Lutin" du Maire J. CAMP
Le petit bateau transporte des baigneurs village-plage
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Baraques
construites avant la Grande Guerre
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Plan
des chalets en 1939
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Photo
aérienne de 1935
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La plage des chalets après 1945
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Pour s'opposer
à un débarquement allié, l'armée allemande
avait détruit les chalets et étalé sur le rivage
: fil barbelé, gros X en poutres de fer, pieux Rommel et blocs
de ciment "pyramides". Avec le concours bénévole
des pêcheurs, le Conseil Municipal présidé par un
maire dynamique ; Batut
Félicien, nettoie, sans tarder, toute la plage, ce qui permet
pêche et reconstruction des chalets. La plage des chalets va connaître
une grande animation. Pendant les belles nuits d'été les
grandes "traines" ramènent beaucoup de sardines et dans
la matinée les "caluches" offrent aux estivants un choix
de poissons.
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Rappelons la
caluche de Joseph Revel (dit le Bébé) et sa femme Margot
qui aidée de son fils Pierrot (dit Zébédé),
vendait le poisson chalet après chalet.
Deux pêcheurs, Pujol André et Louis Ambert tiraient aussi
la caluche avec l'embarcation "Canada" au milieu d'estivants
heureux. Mais le canal, souvent ensablé, pose un sérieux
problème. Ppour désensabler surtout l'entrée, écoutant
les conseils du pêcheur P. Pommarède, la Commune achète
en 1949 une drague-suceuse. C'est dans d'incessants problèmes financiers
et matériels que les réalisations se poursuivent. Finances
aidées par un emprunt local à 5% (650 000 francs) et travail
pénible de dragage confié à des employés compétents
Escrotel Aristide, Bertrand Raymond, Garcia Georges ...
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La reconstruction
des chalets était une sources de revenus impoortants créant
de nombreux emplois. Les indemnités "Dommage de Guerre"
permettent une rapide reconstruction des six rangées prévues
dans le olan de reconstruction de 1948.
Les demandes d'amodiation de terrain sont nombreuses et le Conseil Municipal
decide l'extension des rangées, en créant les 7ème,
8ème, 9ème et 10ème rangées. La construction
des chalets sur une plage inondable reste un souci pendant un coup de
mer. Le menuisier Tarisse Antoine reconstruisant l'Etablissement Fabre,
récupère, avec l'aide des pêcheurs, les planches emportées
par les eaux vers la digue des salins. Mais la plage des chalets "attire
toujours plus"... et les festivités de 1960 avec Charles Trénet,
Louis Mariano, Tino Rossi, Mick Micheyl, font une énorme publicité.
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L'attribution
et la délimitation des terrains sont faites par les services municipaux
et ce n'est qu'en 1976 qu'un plan général d'arpentage fait
par un géomètre expert, donne un numéro cadastral
à tous les lots. Cette responsabilité dans le métrage
des lots fut de 1945 à 1965, un travail sérieux confié
à Monier Martin André (1884-1956) puis à Loubet Jean.
Rappelons aussi que, sans chapelle, la messe était célébrée
sous un grand chalet (Rangée 3, numéro4).
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1 - Bras Joseph (1899-1929),
2 - Sauvan Marcel (1911-2005),
Bras Albert (1918-1986),
Bras Jean (1920-2005)
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Le jeune Gaubert Henri (1919-1997) distribue
l'eau potable à deux estivantes du terrain rond. Vente de l'eau
1 sou le litre.
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1913 : Vue du bord du canal : deux maisonnettes
et le "Lutin" construit dans la cour du patronage par Bienchéri
François, amarré à Port Riac.
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1917 : Reinstallé au bord du canal (fuyant
le grau de Bramo Fam), le restaurateur Dedieu agrandit son établisement
célèbre pour la préparation des sardines.
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Etablissement Fabre acheté en 1925 au
restaurant Dedieu.
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Etablissement Fabre-Iché détruit en 1944 par l'armée
allemande.
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Un violent coup de mer ouvre un chenal mer-étang, lequel longe
la digue jusqu'à Fabre, puis le terrain Rond et rejoint l'étang.
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Les entassements et le lotissement B en 1960 ont mis fin à ca danger.
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L'établissement Carbonel, vendu à Valentin en 1942, était
frond de mer avec une énorme dune de sable. C'était le dancing
populaire.
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Miramar était un établissement moderne, bien aménagé
et front de mer.
Il était la propriété de la famille narbonnaise Baïsse.
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L'établissement Thomas Raoul était aussi front de mer, mais
plus au nord.
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Hotel / restaurant
L'hotel restaurant "Au Négus" se situait en dernière
rangée et son propriétaire M. Gros, ancien militaire aviateur,
balisa un terrain pour avions de tourrisme.
Après la guerre il organisa des "baptêmes de l'air".
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L'établissement Limouzy était un grand hotêl restaurant
d'avant 1914.
Front de mer, il était aussi le dancing de la jeunesse d'avant
la Grande Guerre.
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Cf
: Gruissan d'Autrefois
n° 28, 41, 80 et 199, Gruissan les chalets de Claude FAGEDET
F. G
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