PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE
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ANTIQUITE
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Gruissan époque pré - romaine et romaine
Histoire des sites de Gruissan
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Période pré - romaine
Le trafic
maritime était important du IV ième siècle avant notre
ère au VII ième siècle de notre ère entre la
Narbonnaise et la péninsule Ibérique, l'Italie, l'Afrique
et la Méditerranée orientale.
Une partie
du trafic pouvait emprunter dès le III ième siècle
avant notre ère le Grau de Gruissan (1) pour
rejoindre les débarcadères Narbonnais. Naro/Narbo était
déjà à cette époque (IV et III ième siècle
avant notre ère) une des trois grandes villes de la Gaule avec Massalia
et Corbilo (2).
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Période romaine
Au Ier
siècle avant notre ère le commerce de Narbonne atteint son
apogée avec l'organisation d'un nouveau système portuaire
basé sur l'aménagement de l'avant port de La Nautique, accessible
par les Graus de La Nouvelle ou de La Vieille Nouvelle.
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A la fin du Ier siècle de notre ère, La Nautique perd son
rôle d'avant-port du fait de la modification naturelle et temporaire
du lit de l'Aude vers Campignol et Gruissan, d'où la nécéssité
d'aménager ou développer de nouveaux avant-ports, lesquels
???
De nombreux
arguments sont en faveur des sites du Bouis et surtout de Tintaine à
Gruissan :
- Forte concentration de mobilier antique.
- Masse de rebuts indiquant une longue occupation des sites du Ier siècle
avant notre ère au Vième siècle.
- Une grande crique abritée des vents par les collines et les falaises
de la Clape que venait battre la pleine mer à l'époque.
- La présence de structures considérables.
- Le nombre important d'épaves romaines et leurs positions par rapport
au débouché de l'Aude à l'époque dans l'étang
de Gruissan.
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Les épaves de Gruissan
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1/ Epaves du chenal du grazel ou grau de Gruissan.
En 1905
deux épaves furent identifiées par les vestiges de leur cargaison
dans le chenal actuel :
La 1ère
du Ier siècle avant notre ère provenant d'Italie a donné
des restes d'amphores d'origine Italique, des fragments de céramique
à vernis noir et des monnaies d'Ampurias.
La 2ième,
Byzantine, contenait des objets métalliques en bronze, en plomb,
couvercles, vases, bandeaux, charnières de coffres, reste de fléau
de balance et une centaines de monnaies dont certaines se trouvent au Musée
de Narbonne. Un dragage en 1974 permit de récupérer 28 nouvelles
monnaies.
Une fouille
d'envergure permettrait de compléter ces découvertes (
Terrain D.P.M )
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2/ Epaves de l'avant-port (ou grand
bassin)
Lors du creusement des ports et avant ports dans les années 1970,
la drague détruisit plusieurs épaves romaines, les rejets
furent dispersés dans des endroits bien délimités
de la zone de Mateille. Les recoupements entre ces gisements correspondant
à des cargaisons et leur zone de provenance permirent de situer
approximativement les épaves d'origine et l'analyse des débris
de ces cargaisons permit de dater ces épaves et de préciser
leur provenance.
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Le 1er gisement du grand bassin est constitué de céramiques
grecques, attribuables au IV et III ième siècle avant notre
ère. Ce sont des céramiques à figures rouges, d'autres
à vernis noir, des fragments d'amphores massaliotes.
Le 2ème
gisement est composé de très nombreux débrits d'amphores
Dressel 1A, de céramiques campaniennes (du 1er siècle avant
notre ère), de céramiques grises, de lampes à huile
et de mobilier métallique (coupes, gobelets, plats, casques et simpulum,
lanternes, etc ...). Une partie du mobilier est visible au musée
de Narbonne, quelque monnaies de bronze frappées à Tarragone
éclairent sur le circuit commercial de ce navire.
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Le 3ème gisement est composé de vestiges de coque importants,
de fragments de mortier et surtout d'un gros chargement de lampes à
huile (environ 2300) le tout est daté du 2ème siècle
avant notre ère.
Le 4ème
gisement est constitué par un trésor monétaire d'environ
4000 pièces en bronze, et de quelques 200 clous en bronze en très
bon état, l'épave peut être datée de 313 de notre
ère. La majorité des monnaies frappées à Rome
et à Ostie fait penser à une provenance d'Italie.
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3/ Epaves de l'étang de Mateille
La 1ère épave contenait de nombreux objets de fer et de
bronze, des débris d'amphores, des débris de céramiques
sigilée et quelques centaines de lampes à huile.
Un dauphin en bronze est visible au Musée de Narbonne ainsi qu'un
serpent enroulé et un oiseau en bronze. L'épave serait datée
du début du Vème siècle de notre ère et provenant
d'afrique.
La 2ème
épave présente de nombreux débris de coque très
significatifs (bordée, varangue) des amphores sans doute produites
en Tarragonaise.
La 3ème
épave comprend des objets de bronze, monnaies, fragments d'amphores,
un vase zoomorphique, quelques lampes et des fragments de sigilées
arétine et de Gaule méridionale.
Une 4ème
épave a été identifiée et fouillé partiellement
par le GRASG, elle a été rapidement recouverte par les sables
de la berge.
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La grande crique était favorable à l'installation d'un port.
La présence
de structures importantes au fond de cette crique indique vraisemblablement
la présence d'un phare de l'époque romaine. La forme, la dimension
et la nature de ces ruines plaident pour cette hypothèse. L'analyse
des mortiers confirme l'ancienneté de cet ensemble. Les vestiges
de cet édifice se trouvent sur une propriété privée.
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Tintaine avant-port probable de Narbonne.
Le site
de Tintaine témoigne par son mobilier et le volume surabondant de
ses rebuts, d'une occupation romaine du 1er siècle avant notre ère
au début du Vième siècle.
A Tintaine
le bas, avant 1988, dégagement partiel d'une structure constituée
d'un sol en "opus spicatum" d'environ 4m² et d'une
canalisation, (le tout actuellement recouvert) - voir photo ci-jointe. De
plus, sur la même zone de nombreux restes : murs en pierres et tegulae,
sols en briquettes, nombreux tessons antiques, témoignent d'une occupation
importante et continue entre le 1er siècle avant notre ère
et le 3 et 4ème siècle de notre ère.
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La présence de nombreuses épaves à proximité
du site peut confirmer l'activité de ce possible avant-port de Narbonne
et ce malgrè de hauts fonds sabloneux et les dangers des vents de
Nord-Ouest et Sud-Est le long de cette côte par endroit rocheuse.
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Le site du Bouis à proximité de Tintaine.
Moins bien abrité que ce dernier, il a pu aussi servir à
une activité portuaire et de refuge, de nombreux mobiliers en témoignent.
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Conclusion.
Seule une prospection accompagnée éventuellement de fouilles,
avec des moyens techniques modernes appropriés, permettrait
de confirmer l'importance de ce patrimoine seulement " pressenti
" à ce jour.
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Le barrage romain du Rec de la Goutine.
Situé dans la Clape, les restes de ce barrage sont visibles dans
les gorges de la Goutine. Une analyse des mortiers prélèvés
sur le site confirme que les restes de cet ouvrage sont effectivement
très anciens (mortier identique aux mortiers datés du Ier
siècle avant notre ère au II ième siècle de
notre ère).
Cette
retenue d'eau qui pouvait être importante et dominante par rapport
à la vallée (Bouis - Tintaine) était alimentée
par la source du Rec d'Argent, son utilisation à cette époque
permettait de satisfaire les besoins agricoles ou domestiques des habitants
en contre bas.
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La grotte du lieu dit les Caunes (grotte las Caunos)
Explorée par le Docteur Mainy et Monsieur Guiraud, les fouilles
réalisées par J. Guilaure ont permis de livrer du mobilier
d'époque tardive dont des monnaies et un camée daté
du II ième siècle représentant, de profil, Minerve
casquée. Actuellement visible au Musée de Narbonne.
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Le Domaine de Saint Obre
Présence d'un bassin de source antique et d'une adduction d'eau
en éléments de céramique.
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Le Domaine de Foncaude (font - caude)
Présence dans les vignes au pied de la colline de nombreux débris
de céramiques diverses, de tuiles romaines attestant la présence
d'un habitat antique.
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Bibliographie et sources
(1) G.0 Denizot. "le rivage de Provence et Languedoc aux temps ligures
dans Rev. et Lig. XXV - 1959"
(2) Polybe
( XXXIV . 10 . 6 . 7 )
Les épaves
de Gruissan - Yves Solier - archéo-nautica 1981 - N°3
Observations
et hypothèses sur les épaves antiques de Gruissan
René Cairou (Bulletin de la commission archéologique de
Narbonne 1974)
Etude
historique sur Gruissan - Jean Pauc - Julien Yché.
Etudes
et observations - dossiers GRASG.
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Cf : G.R.A.S.G. - Source : J. MANGEMENTIN
J. M et F. G |