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PATRIMOINE INDUSTRIEL

Maritime

Epaves - Echouages
Souvenir de Jean Boucabeille

Le vaisseau : En mer, au large de Tintaine par neuf brasses de bond se trouvait, depuis bien longtemps un vaisseau.
Les vieux pêcheurs pour l'éviter, le situaient avec deux repères précis vus du large : le pigeonnier de "Tintaine le Haut" par le toit de "St Obre".
Parfois, de nuit avec un courant fort une traîne "l'attrapait" et les dommages étaient sérieux. On racontait que Pierre de la Simounettò avait accroché son filet et que des jeunes avaient plongé pour le dégager. Les plongeurs bénévoles furent émerveillés en voyant un gros bateau en bois avec des canons. Depuis ce jour l'épave devenait "Lou Baïssel" (le vaisseau).
L'équipe du GRASG dirigée par Jean Graulle n'a pu le retrouver, sûrement détruit par la mer et les chaluts.

La balancelle : Après le "Coudoun du Grau" à "pounent" et à plus de 100 mètres du rivage par deux brasses de fond, il y avait une balancelle que l'on voyait très bien par temps calme et eaux claires. C'était le refuge des poissons et surtout du loup. Charles Rival avec "l'engin" ou Auguste Monié, Pierre Pomarède avec une petite caluche d'hivers et bien d'autres, pêchaient autour de l'épave. Celle-ci d'une trentaine de mètres de long, était aussi un véritable parc à moules. Urbain Revel faisait de bonne récoltes de coquillages pour estivants et restaurants. Peu à peu l'épave se disloquait, il ne restait que les membrures qui finirent par disparaître.

Le thonier : Un plaisancier avait acheté un thonier assez important sans savoir trop naviguer. Parti de Port la Nouvelle pour le mener à Sète il fut en panne de moteur au "Cap de la digue". Ne sachant trop mettre les voiles, le fort vent marin le poussa vers la côte puis son ancre "chassa" et le bateau s'échoua. Le vent forcit et la mer houleuse le "planta" sérieusement.
Quelques jours après, le gros chalut de la Nouvelle essaya en vain de le tirer vers le large. Ce pauvre plaisancier se désespérait et faisait pitié à voir !
"Et moi, me disait-il, qui ai placé tout mon argent sur ce bateau ... je n'ai plus rien !" Il dormait à bord. Un matin en allant faire des tenille, j'allais lui dire bonjour. Il me contait ce qui venait de lui arriver : "Je dormais dans ma couchette à l'avant du bateau quand, au milieu de la nuit, j'entens du bruit. Je me lève, mon fusil de chasse à la main et je vois une bande de voleurs qui démonte le moteur. Surpris, ils détalent comme des rats et s'enfuient dans un fourgon sans lumière.
Les pompiers de la Nouvelle essayèrent de le désensabler mais le thonier ne put se libérer. Résigné le plaisancier leva du bateau tout ce qui lui parut possible et valable puis abandonna l'épave. Celle-ci s'ensabla de plus en plus, les deux grands mâts s'abattirent et sa carcasse s'enfonça ... Quand un coup de mer la déterre elle est encore visible, toujours face au Cap de la digue.

Le remorqueur : C'était veille de Noël quand un remorqueur s'échoua sur le "col de plage" (petit bourrelet de sable en bordure de mer) face au numéro deux des salins (pompe alimentant les "nourrices" du salin).
Un membre de l'équipage me fit le récit de leur mésaventure.
... "Nous tirions une barge, venant de Sète vers Port Vendres, quand le câble de traction en acier se rompit et se trouva pris dans l'hélice et gouvernail. Plus moyen de manoeuvrer, et la houle d'un fort "marin" nous drossa à la côte."
Informé par radio, un autre remorqueur arriva mais la mer trop mauvaise ensabla plus encore le remorqueur échoué. En ces fêtes de noël, l'équipage "coincé" dans le bateau, était au désespoir. La tramontane se leva, la mer se retira, laissant le remorqueur en très mauvaise posture. A la mi-janvier de gros moyens sont employés. Deux fortes unités de remorqueurs arrivent de Marseille, utilisent de grosses pompes pour creuser un chenal et après beaucoup d'éfforts, le tirent enfin vers le large ... Le sable laissa échapper sa proie !

A Gruissan donc notre plage n'as pas de rochers pour briser la coque d'un bateau mais les bancs de sable sont des pièges invisibles. Avec forte houle la côte n'est que sables mouvants qui engloutissent, lentement mais inexorablement, les navires échoués.

Cf : Gruissan d'autrefois n° 87
F. G.