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PATRIMOINE ETHNOGRAPHIQUE

Savoir faire traditionnels

La pêche aux plies

Autrefois les plies abondaient dans nos étangs et sur la côtes, bord de mer. Les pêcheurs les capturaient à l'Ayrolle à la "bonance", jours sans vent, en hivers et au début du printemps. Dréssés à la poupe de la barque, ils pêchaient à la vue avec un "fourcat" à long manche. Il fallait avoir une bonne vue et grande pratique, le dos de la plie se confondant avec le fond de l'étang.

Les frères Taillades, Charles Bienchéri et son fils Calixte, Bonnot Philibert, Auguste Martrou et d'autres étaient des "spécialistes". Les plies s'attrappaient aussi au"carrétal" avec une petite charrue au bras long que le pêcheur tirait sur le fond sablonneux en s'aidant d'un "trajel", de l'eau à mi-corps. Par vent ils amarraient "l'alaïré" à la poupe du bétou déplaçant celui-ci à la "partègue" et à la voile. Ils faisaient un sillon de quelques centaines de mètres, marqué par endroits avec des "carabènes". Les plies s'immobilisaient dans le sillon pour manger les vers qui sortaient du sable. Avec son "fourcat" le pêcheur suivait le "carrétal" fait par la charrue.

Avec le vent, les eaux devenaient troubles, il fallait entrer dans l'eau, pieds nus et marcher lentement. Le pied sur une plie, celle-ci ne bougeait plus. Il n'y avait qu'à les attraper soit à la main, soit avec une petite fouine. Les pêcheurs étaient rudes pour travailler dans l'eau les jours froids de mars, avril ou mai. Les jours où le poissons "donnait" ils en ramassaient de pleines "serbes". Assez souvent ils devaient renouveler le sillon sinon les plies n'y venaient manger.

On pratiquait d'autres pêches à la plie : soit la "battude" de jour, soit "l'amaïrage" de nuit avec le filet "l'escarpière", à mailles assez grande servant à pêcher les carpes, d'où son nom.

A cette époque l'étang de Campignol était peuplé de nombreuses petites plies que nous appelions des "maselots". Comme elles n'avaient pas d'oeufs, elles n'allaient pas en mer et hivernaient dans l'étang. On en pêchait de grandes quantités. Quand venaient les grosses chaleurs ces "maselots", comme engourdis, se laissaient attraper à la main. Même ceux qui n'étaient pas pêcheur allaient en ramasser dans l'eau chaude, trouble, à "paoupe" et en remplissaient leur sac. Ce poisson, bien épais, était dans le village très apprécié.

C'est en février que les plies femelles allaient en mer, pondre les oeufs. Elles revenaient dans les étangs, maigres, molles, n'ayant plus que la peau et l'arête : elles n'étaient pas bonnes à consommer. Quinze jours après, elles avaient repris vigueur, épaisseur et poids. Elles se nourrissaient bien et devenaient exellentes pour de bonnes fritures.

Le long du canal de nombreux pêcheurs à la ligne amorçaient à la "granotte" et la pêche aux plies était bonne.

Autrefois, en abondance, d'un prix modique, les plies étaient souvent sur la table des familles nombreuses, des pauvres ouvriers agricoles qui faisaient de copieux repas. Pendant les "cremadous" de l'été, l'étang de Mateille séchait et dans quelques centimètres d'eau on les ramassait à remplir une brouette, la mienne !

Depuis une vaintaine d'années la plie s'est rarifiée. Pourquoi?


Cf : Gruissan d'Autrefois n° 64 - texte de Jean Boucabeille
F. G.