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PATRIMOINE ETHNOGRAPHIQUE

Savoir faire traditionnels

Marchands de poissons
Le "franc-salé"

En décembre 1895, les sieurs Laurent Sert, Victor Mazo, Bénoni Carbonel, Astolphe Azibert, Bénas Bérenger, poissonniers expéditeurs à Gruissan, demandent le privilège du "franc-salés".

Le franc-salé était le droit qu'avaient quelques officiers ou communautés de prendre du sel aux greniers des villes, franc d'impôt, ne payant que le droit de marchand.

Ces requérants ont essuyé plusieurs refus car pour le Directeur de l'Administration des Douanes à Perpignan, cette demande ne présente pas le caractère d'intérêt général nécessaire. A l'appui de ce rejet ce directeur affirme qu'à cette époque il n'y a à Gruissan que cinq bateaux se livrant à la pêche de la sardine, montés seulement par cinquante hommes.

Les Gruissanais contestent ces chiffres car, "d'après les statistiques de la pêche en 1894 le village compte 720 inscrits marins, 161 bateaux et 238 marins employés ; la quantité de poissons pêchée 189 530 kg pour une valeur de 129 476 francs, 220 hl de coquillages pour une valeur de 5 910 francs".

"Si nous relevons de ces chiffres les quantités propres à la salaison et qui en grande partie ont été vendues aux saleurs de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales, on trouve la perte suivante soufferte par les poissonniers de Gruissan, sur le bénéfice de la vente, à savoir : 10 150 kg de sardines, 9 550 kg de maquereaux, 22 250 kg d'anguille.

C'est un total de 41 950 kg de poissons vendus à bas prix pour la salaison".

En 1895, 112 850 kg de sardines et maquereaux ont été pêchés.

Lorsque la pêche est fructueuse ce qui d'ailleurs arrive plusieurs fois tous les ans, les poissonniers sont obligés d'aller à Sète, Agde ou Coullioure "en vendre une grande partie à ceux-là mêmes qui jouissent du privilège du "franc-salés" et qui achètent le poisson à un prix dérisoire attendu que lorsqu'ils arrivent à destination la marchandise est en mauvais état et ne pourrait supporter un autre voyage. L'intérêt de la commune est donc en jeu, en souffrance même et se trouve sacrifié aux intérêts de certaines localités qui ont ce privilège et qui n'ont pas à coup sûr la quantité de poissons dont nous pouvons disposer".

Dans sa délibération, le Conseil Municipal, "considérant que la réouverture par un canal du Grau du Grazel donnera accès aux bateaux de pêche et qu'il est de toute équité que les poissonniers de Gruissan puissent litter à armes égales avec les saleurs de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales, demande à l'administration Supérieure compétente de faire une nouvelle enquête et d'accorder le privilège du franc-salés à tous les poissonniers expéditeurs qui pourront justifier l'emploi du sel soit en fondant des ateliers de salaison de sardines qui se renferment dans des barils, soit en salant d'autres poissons".

Rappelons que Gruissan ne possède pas encore de salins.

Aucune réponse favorable n'étant parvenue, les sardines de Gruissan ont peut-être manqué là, l'occasion de devenir aussi célèbres que les anchois de Coullioure.

Au Halles de Narbonne

Durant une longue période les marchands de marée, ont dressé leurs étals, à Narbonne, Passage de l'Ancien Courrier (de l'Ancre aujourd'hui), et plus tard au Cagnard de Bourg.

Vers 1875, la Mairie de la ville décide de trouver un lieu pour regrouper tous les commerces de bouche.

Le 15 février 1899 les travaux commecent.

Les étals sont mis aux enchères du 15 au 23 décembre 1900.

Quelques mareyeurs gruissanais firent alors l'achat de "places" : Carbonel, Berthomieu pour ne citer qu'eux.


Louise et François Berthomieu arrivant
aux Halles de Narbonne vers les années 1910

Seul aujourd'hui, l'étal du second appartient encore à la famille et depuis quatre générations.

Louise Berthomieu "a tenu le banc" avec Baptistine Dimon, sa soeur.

Dans les années 1938, Louis et Gaby Dimon leur int succédé, leur fille colette Fontès a pris la relève et aujourd'hui c'est l'arrière petit-fils Bernard Fontès qui est à la tête de l'entreprise.

Le 1er janvier 1901 les commerçants prennent possossion de leurs étals.

Par suite d'un litige avec le constructeur, l'inauguration officielle n'eut lieu qu'au mois d'avril 1901.


aux Halles de Narbonne dans les années 1950

1 - Marie-Louise Carbonel
2 - André Carbonel
3 - Gaby Dimon
4 - Louis Dimon

Cf : Gruissan d'Autrefois n° 201 - Source : Archive Municipales de Gruissan.
Photographies communiquées par Guy Carbonnel et Colette Fontès.
F. G.