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PATRIMOINE ETNOGRAPHIQUE

Savoir faire traditionnels


L'évolution de la chasse


Par "évolution" de la chasse, je pense qu'il ne s'agit pas tant des modes de chasse (qui, dans l'ensemble, sont restés les mêmes), mais plutôt de l'évolution necéssaire de la neutralité du chasseur et de la façon dont la chasse doit être maintenant comprise.

Ce qui va suivre s'applique à la chasse, en général, mais surtout à la chasse dans nos garrigues en particulier.
Tout d'abord, les facteurs qui sont à l'origine de cet évolution qui s'effectue depuis une cinquantaine d'année sont :
- l'automobile - les loisirs - le tourisme - la mécanisation de l'agriculture - les désherbants - la myxomatose.

Avant 1950 la chasse était pratiquée, essentiellement, par les habitants des communes rurales ; les déplacements, se faisaient surtout à pied et pour éviter de trop grande perte de temps, nombreux étaient les chasseurs qui emportaient un solide casse-croûte et ne rentraient pas pour le déjeuner.

La vulgarisation de l'automobile a permis des déplacements plus rapides, non seulement des habitants de la commune, mais aussi de ceux des villes voisines ou le gibier était plus rare par suite de la pression plus forte des chasseurs citadins plus nombreux.

En outre les loisirs (samedis, dimanches, lundis, jours féries, congés payés) ont augmenté le nombre de jours de chasse et incité un plus grand nombre de personnes à chasser, d'ou pression plus grande sur le gibier.

Le tourisme, de son coté, a drainé un peu partout et sur la côte en particulier, un plus grand nombre de personnes (chasseursou non) dant la conservation du patrimoine cynégétique local était et est encore malheureusement le moindre des soucis.

Sans parler des papiers gras, plastiques, tessons, huiles de vidange, chiffons, etc ... dont est couvert le Massif de la Clape en fin de saison ; il faut signaler la circulation des chiens, non tenus en laisse (malgrès les arrêtés municipal et ministeriel) dont la présence est des plus néfaste pour le gibier pendant les vacances de Pâques ou Pentecôte, époque des nidifications et des portées.

En outre, pour attirer et retenir ces touristes, il a fallu construire et le béton a, ainsi envahi et détruit bon nombre de terres à gibier.

La mécanisation de l'agriculture, de son côté, a contribué à la destruction d'une partie du capital gibier.

Le remplacement du cheval par le tracteur a entraîné la disparition de nombreuses parcelles ensemencées en trèfle, luzerne, vesce, avoine, etc ... indispensables à la nourriture des chevaux et qui étaient en outre le refuge et le garde-manger naturels de tous gibiers et notamment du gibier de base : lapins, perdrix, lièvres.

De plus pour rentabiliser au maximum le tracteur, on a créé de grandes parcelles de monoculture (ici la vigne) au détriment des fossés, buissons, haies, etc ... lieux prospices à la nidification et à la reproduction.

Les désherbants.

Enfin les parcelles dont le labour était difficile, mais qui étaient toujours productives ont été soumises aux désherbants, néfastes pour les plantes mais aussi pour le gibier.

La myxomatose.

Et puis, comme les sept plaies d'Egypte, la myxomatose est venue couronner le tout.

Il est inutile d'exposer quels ont été ses effets sur le lapin, sur l'ensemble du territoire.

En quelques mots on peut estimer à 80% la disparition du capital lapin en France, car le lapin constitue le gibier de base ; à la suite de sa disparition la chasse s'est reportée sur des espèces qui étaient alors bien portantes (la perdrix, le faisan, le lièvre, etc ...) et la pression ainsi exercée dans certaines régions, entraîne une raréfaction catastrophique.

Quelques lignes plus hauts, le mot capital est apparu. Chaque Société de chasse et chaque chasseur devrait avoir comme règle d'or :
" Prélevez l'intérêt, mais respectez le Capital".

De tout ce qui précède, il ressort que la chasse était devenue pour quelques uns et risquait de devenir pour beaucoup d'autres une simple promenade hygiénique, sans espoird'apercevoir le moindre gibier.

Il fallait réagir, et ce rapidement, pour ne pas arriver à une situation irréversible.

C'est pour cela que nombre de Sociétés de Chasse ont décidé de gérer leur patrimoine cynégétique.

Il a fallu procéder à :

- Des lâchers de gibiers de repeuplement et de tir.
- Vacciner les lapins de repeuplement.
- Créer un plus grand nombre de réserves de chasse.
- Construire des garennes et des points d'eau.
- Labourer et ensemencer des parcelles incultes.
- Limiter les jours de chasse.
- Limiter le nombre de prises.
- Assurer la surveillance.
- Créer des ACCA (Association Communale de Chasse Agréée).
- Créer des GIC (Groupement d'Intérêt Cynégétique).
- Faire appel au bénévolat.

Les lâchers de gibier de repeuplement ont lieu de janvier (date de la fermeture de la chasse) à fin février (date à laquelle commencent les pariades ou les accouplements).
Il y a intérêt à lâcher des espèces provenant de la région pour éviter les déboires du à une mauvaise adaptation à leur nouveau biotope. (Eviter de jouer aux apprentis-sorciers en lâchant des espèces ou des races inconnues dans la région, on risque : ou une proliferation de l'espèce qui peut se faire au détriment des espèces indigènes. Ou une incapacité d'adaptation qui entraîne la mort de l'espèce lâchée et une peste pécuniaire pour la Société de Chasse).
Veiller à ce que les sujets lâchés soient sains et vaccinés si possible en ce qui concerne les lapins, contre la myxomatose.

De gibiers de tir qui permettent de satisfaire les chasseurs du dimanche mais attirent néanmoins presque tous les autres sur le terrain, d'où préssion de chasse plus grande sur tout le gibier, même sauvage.

Les réserves de chasse doivent présenter toutes les qualités nécéssaires aux bessoin du gibier (nourriture, eau, abri), à sa prolifération et à sa sécurité.

La construction des garennes et points d'eau, non sulement dans les réserves mais sur tous les lieux favorables au lapin.

Les défrichages, les labours et l'ensemencement des parcelles incultes de 20 à 50 ares chacune. Semer des légumineuses (vesces, trèfle, luperne) et des céréales (blé, orge).

Les autres remèdes :
Limiter les jours de chasse. Cette limitation est proposée lors de l'Assemblée Générale de la Fédération Départementale et fait l'objet d'une décision préfectorale.
Les jours de chasse peuvent encore être réduits par décision des Sociétés de Chasseurs, réunies en Assemnlé Générale.
Elles peuvent concerner tout le gibier ou quelques espèces seulement.
Le nombre des pièces autorisé à chaque chasseur et par jour donc création d'un carnet des prises fournit par la Fédération et que doit présenter chaque chasseur à la requête des agents fédéraux ou particuliers chargés de la surveillance de la chasse.
Les ACCA : La création des Association Communale de Chasse Agréée (loi du 10 juillet 1964, dite loi Verdeille) a permis de réunir au nom d'une seul société toutes les parcelles des propriétés dont la surface totale (de ces parcelles) est inférieure à 30 hectares d'un seul tenant.
Au dessus de 30 hectares les propriétaires peuvent faire apport de leur terrain à l'ACCA ou faire opposition.
Ces nouvelles dispositions ont permis de mieux organiser la question de la chasse sur l'ensemble d'un territoire.
Les GIC : Les Groupements d'Intérêt Cynégétique sont nés du désir de plusieurs ACCA ou Sociétés de Chasse de mettre en commun leurs moyens de gestion (tracteurs, matériel agricole, achat de semences, création d'abreuvoirs, de garennes, etc...) à un moindre coût.
C'est ainsi que le GIC des Basses Corbières créé en 1987, réunit 23 Commune et a permis la création d'un emploi, l'achat de deux tracteurs et l'aménagement de territoires de chasse dont le biotope est à peu prés identique.

L'ACCA de Gruissan dispose actuellement :
de 18 hectares de cultures à gibier disséminés sur toute la Commune.
de 46 postes - abrevoirs alimentés régulièrement en eau.
40 postes - garennes réalisées à l'aide de balettes de bois ou en pierres sèches prélevées sur le terrain même.

Le constat de tout ceci c'est que l'employé du GIC ne peut effectuer tous ces travaux et qu'il est fait appel aux bénévoles mais hélas............. le bénévolat ne paie pas !!!
 

Cf : Gruissan d'Autrefois n° 165, 166, 167. texte de Justin HELENA
F. G