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PATRIMOINE CULTUREL

PERSONNAGES CELEBRES


Albert Rival
1911 - 2001



Issu d'une famille dans le besoin, Albert a passé une enfance heureuse, entouré de ses parents Isabelle LAFFAGE et Baptiste RIVAL dit " Mounine ".

Toute sa vie, il restera très proche de sa sœur Marinette, autre figure emblématique de Gruissan.

N'étant pas très doué pour les études, il quittera l'école vers l'âge de 14 ans pour se consacrer à la pêche.

Dans sa jeunesse, il passe ses loisirs au cinéma et sur les stades de rugby, ce qui faisait dire à son père : " Le cinéma et le Fotbal lui détraquent le moral ".


En 1929, il a tout juste 18 ans quand il devient champion du Languedoc 2eme série avec l'équipe de l'aviron Gruissanais.


Vers 1930, il effectue son service militaire dans la marine en Tunisie.

A son retour, il abandonnera très vite la pêche professionnelle en raison de rhumatismes chroniques dans les mains.

Il entre alors aux salins où il remplissait des sacs de sels de 50 kg et les chargeait sur des camions.

Le 21 octobre 1933, il prendra pour épouse Anne Marie ALBERT.

De cette union naîtra Pierrot RIVAL en 1936.

Pour nourrir du mieux possible sa petite famille, il consacrera tout son temps au travail.

Il gagnait modestement sa vie car il était payé à la journée et à la tâche, alternant des périodes avec ou sans travail.

Sous la seconde guerre, il a été réquisitionné pour travailler aux salins tandis que sa famille était réfugiée à Maurs dans le Cantal.

Tous les 15 jours, sa femme Anne Marie, et sa sœur Marinette BOUCHER revenait à Gruissan auprès de leurs époux respectifs pour leur apporter quelques victuailles en échange d'un peu d'argent pour survivre en exil avec leurs enfants, Pierrot RIVAL et Jean BOUCHER.

Sous l'occupation allemande, les fusils étant confisqués, Albert posait des pièges pour s'emparer de lapins qu'il utilisait comme monnaie d'échange contre du pain ou autre nourriture.

A la libération, Jean Louis et André, nés respectivement en 1947 et 1949, viendront agrandir le cercle familial.

Albert va apprendre l'amour de la nature et du rugby à ses trois garçons.

Chasseur mais mauvais tireur, il avait gardé l'habitude du piégeage qu'il enseigna à ses fils, en se gardant bien de les emmener avec lui, dans les coins de garrigue tenus secrets.

Aujourd'hui, ses enfants se souviennent qu'au lever du soleil les lapins pris aux pièges étaient alignés sur la table, avant même l'ouverture de la chasse !

Pour la petite anecdote, il lui arriva un jour d'attraper un lapin de façon peu académique, en lançant un épervier au dessus d'une " garrouille ".

Albert prit le permis tant qu'il y eut des lapins, mais il chassait également le canard.

N'étant pas une fine gâchette, il fallait toutefois que le gibier soit gros et immobile.

Du gros gibier, il en vit un rôder autour des pièges.

Il installa le cadavre d'un lapin au milieu de trois pièges installés en triangle.

Dans les minutes qui suivirent, un énorme et magnifique chat siamois était pris au piège.

Quand Albert s'en approcha, l'animal sauvage lui sauta au visage.

Il eut la peur de sa vie et toute les peines pour en venir à bout, à coup de pioches.

Homme d'extérieur, quand il n'allait pas à la vigne ou au jardin, il traversait l'étang en barque pour aller faire du bois a Capoulade ou à Fontcaude, et devinez quoi ?

De temps en temps, au milieu d'un fagot on pouvait apercevoir...un lapin !

S'il aimait ramasser les coquilles, il avait gardé de sa jeunesse le goût de la pêche.

Il était d'ailleurs bien équipé en " bastudes " de toutes mailles qu'il choisissait en fonction des périodes.

A la fin d'une journée bien remplie, de travail ou de loisirs, il lui arrivait souvent de se plaindre des reins.

Aussi, têtu qu'il était, il persistait à serrer une ceinture de pantalon au dessus de la taille, en assurant son entourage que cela le soulageait !

Tous les soirs, pour se détendre, assis à côté de la cheminée, il trempait ses pieds dans une bassine d'eau chaude.

Dans le froid de l'hiver, il passait de longues soirées à fabriquer des éperviers (course ou remboursé) dont ses fils faisaient grand
usage.

Les dernières années de sa vie, il en a confectionné pour chacun d'entre eux.

Cela laisse rêveur quand on sait qu'il fallait tout un hiver pour en réaliser un !

Après une courte nuit de sommeil, au saut du lit il faisait bouillir de l'eau à laquelle il ajoutait un peu de café de la veille, lequel n'était déjà pas très fort.

En journée, pour étancher sa soif, il faisait de même, mais en mélangeant un peu de café dans un grand verre d'eau froide.

Fin prêt pour la journée, il enfourchait son légendaire vélo, maintes fois réparé à l'aide de pièces détachées récuperees grâce à la " débrouille ".

Toutefois, pour Albert, pare boue, phare et freins étaient des options dont il se passait.

Pour freiner, il posait son pied sur la chaîne et appuyait son talon sur le pneu arrière de la bicyclette.

Sa chaussure en gardait bien évidemment les traces.

Dans ses chaussures " martyrisées ", Albert ne portait jamais de chaussette, été comme hiver, et lorsqu'il enfilait ses bottes, il enroulait autour de ses pieds un carré de toile de jute.

Peu expressif, il employait parfois le patois hors de la maison familiale.

Dur envers lui même et renfermé, il ne se confiait que rarement.

Cette réserve se lisait dans son regard.

On reconnaissait de loin sa silhouette, toute vêtue de bleu : sandales, pantalon, veste, chemise à carreaux et casquette portée en biais.

Son vélo équipé d'un panier à l'avant du guidon ne passait pas inaperçu.

En 1997, en tant que doyen de l'Aviron Gruissanais, il fut porte gerbe lors de la cérémonie d'adieu au stade du sablou.

L'an d'après, il eut la douleur de perte son épouse attentionnée.

Il poursuit une vie simple et routinière jusqu'à son décès au début du second millénaire.

Aujourd'hui, ses enfants se souviennent : " Impossible de nous rappeler de notre père sans penser à son velo. Ils etaient
indissociables finalement il nous a appris la simplicité de la vie et l 'amour de la nature, avec ce que l'on peut en tirer tout en la respectant "

Cf
: Mignard Nicolas - Le Cercle Généalogique Gruissanais.
F. G.