PATRIMOINE CULTUREL
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Occupation du village
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... Depuis l'occupation arabe qui dura de 719 à 759 des troupes ennemies
avaient foulé ce sol sans y séjourner : en 859 des Normands
y restèrent le temps nécessaire au pillage de Narbonne ; en
927 des Hongrois venus du Danube, furent repoussés à partir
de la Garonne, par le Comte de Toulouse Raymond-Pons ; en 1813 enfin, dans
la nuit du 9 au 10 novembre, des marins Anglais débarqués
à la Nouvelle, se rembarquèrent dans la journée après
avoir tué une sentinelle, incendié le fort et pillé
les cabanes des pêcheurs. |
Fin novembre
1942 les troupes allemandes après avoir franchi la ligne de démarcation
où elles se tenaient depuis juin 1940, occupent les côtes françaises
de la Méditerranée afin de parer à un débarquement
possible des troupes anglo-américaines installées depuis peu
en Afrique du Nord. |
Elles arrivent
à Gruissan par une froide et claire nuit du 11 au 12 novembre 1943. |
Leur commandement
interdit aussitôt la pêche aux étangs et à la
mer, ordonne le couvre-feu, organise un service obligatoire de garde sur
la voie ferrée Narbonne - Port Bou auquel participent tous les hommes
âgés de 18 à 65 ans. |
Les troupes
logent chez l'habitant où elles commettent déprédations
et pillages { L'immeuble Clérissy (avenue
de Narbonne) était la Kommandantur - la maison
Rizoulières-Pech (18
boulevard Victor Hugo) était une prison }. |
Dés
l'année 1943 de grands travaux de fortifications sont faits sur toutes
les hauteurs, le long de la côte : fortins, tranchées, fils
de fer barbelés, etc ... |
Des habitations
sont systématiquement démolies (fermes, chalets) ainsi que
les anciens moulins
du Pech. |
En février
1944, l'évacuation de la population est ordonnée. |
En premier
lieu, l'exode des vieux se fait par un temps atroce : vent, pluie et un
froid de -5°. |
Ces pauvres
gens rassemblés devant la Mairie s'entassent dans des camions qui
les emmènent loin du village. |
Les infirmes
sont dirigés sur l'hospice de Castelnaudary. |
Combien
parmi eux ne reverront plus leur maison ! |
Fin février,
il reste encore environ 800 personnes. |
L'aspect
de la commune est lugubre. |
Le jour,
on voit l'anxiété des habitants ; les nuits sont impressionnantes
par leur calme, sans lumières et aux rafales de vent se mêle
le lourd martèlement de bottes aux passage des patrouilles. |
La campagne
est aussi triste, on n'y voit aucun travailleur, les cultures sont abandonnées,
les vignes non taillées, les bois de pins dévastés. |
Quelques
habitants évacués reviennent chercher quelques objets oubliés,
un meuble, mais le village à faim. |
Mais
l'évacuation continue. |
Fin mars,
il n'y a plus que 200 personnes environ, presque toutes employées
aux travaux de fortifications. |
Des maisons
abandonnées ont leurs portes et fenêtres ouvertes, vidées
de leurs ustensiles ou ameublements. |
Et on apprend
déjà que, parmi les vieux évacués quelques-uns
n'ont pu supporter la nostalgie de leur village et ils sont morts. |
Malgré
cette désolation, un printemps nouveau apparaît et accomplit
son oeuvre. |
La campagne
abandonnée des hommes, se couvre de verdure et de fleurs ; la vigne
repousse sur ces ceps non taillés ; le gibier foisonne et les oiseaux
chantent, quelques fois interrompus par des explosions de mines. |
Car les
préparatifs de défense sont activement poussés. |
Visiblement,
les Allemands attendent un débarquement allié. |
Celui-ci
se produit, enfin, le 16 août 1944 entre Toulon et Nice. |
Le 20 août,
les Allemands détruisent à Gruissan toutes leurs installations
: les détonations éclatent de toutes parts. |
Puis ils
partent avec tous les véhicules possibles enlevés à
la Commune. |
Quelques
jours après les évacués rentrent. |
Mais il
n'y aura pas de vendange, cette année. |
Les vignes
n'ont pas été entretenues et sont minées. |
Quelques
habitants imprudents périssent sur ces mines.
- Le 5 novembre 1944, Gimié Louis Alain (79 ans) est tué
par l'explosion d'une mine dans la vigne au lieu dit "La Fontaine".
- Le 7 février 1945 Pesqui Joseph et Luc Jean, chassent le lapin
au lieu dit "Pénélos". Une mine anti personnelle
explose tuant Luc Jean (50 ans).
- Du Salin, tout proche, accourent Baudoin Henri, brigadier des douanes
(37 ans) et Julien Clovis, mécanicien (61 ans) mais une autre mine
explose les tuant tout les deux.
Des prisonniers affectés au déminage seront alors chargés
d'enlever les trois corps. |
Le 26
septembre 1944 un Comité local de Libération, chargé
d'administrer provisoirement la Commune, s'installe à la Mairie. |
Le lendemain
ce Comité désigne comme Maire, Baptiste Salençon et,
comme adjoints, André Rizoulières et Charles Rival. |
Le 17 mai
1945, le Conseil Municipal issu des élections municipales régulières
désigne comme Maire André Rizoulières et comme adjoints
Baptiste Salençon et Charles Azibert. |
Cf : Gruissan d'Autrefois n° 23. Paul Carbonel - Léon
Milhé
F. G. |