PATRIMOINE ARCHITECTURAL
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Architecture Traditionnelle et Vernaculaire |
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La plage des
chalets avant 1900
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Dans "l'Esté", livre découvert par Paul CARBONEL à la bibliothèque, nous apprenons que les trois étudiants parisiens viennent, l'été 1580 "se laver et baigner en mer de Grussac, l'eau de laquelle les Egyptiens ont cru guérir de toutes maladies... et jetant leur vue à l'entour d'eux ne virent que beaux sallons et vagues solitudes...". La plage est le domaine des pêcheurs qui, "en leurs cabanes mettent à cuire force poissons en de grandes chaudières...". Ces cabanes de vielles planches étaient emportées par les coups de mer et la plage retrouvait vite sa nudité. En 1820, l'acte d'achat des lais et relais de la mer, précise l'utilité des plages pour les gruissanais qui font paître les moutons et récoltent joncs (fours) et salicorne (soude). |
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C'est sous Napoléon III, après 1850, que le plaisir des bains de mer devient une mode ... Citons l'article "Gruissan, nos bain de mer" paru dans le journal "Le Radical" du 21 juillet 1889 : " Notre plage est en pleine animation. Les baigneurs de l'arrondissement l'ont peuplée comme un bourg. L'établissement Gibert ne désemplit pas. On y savoure de succulentes bouillabaisses ... on s'y rafraîchit avec d'excellentes consomations à l'abri d'un soleil de plomb...". Cet établissement avait aussi chambre, écuries et cabines de déshabillage près de l'eau. Il était construit sur le Domaine Public Maritime au lieu dit Bramo Fam, soit devant la tête de la 7ème rangée actuelle. Le chemin d'accès longeait le Pech des Moulins puis, par la "piste aux salicornes", aboutissait à la plage. |
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La délibération du Conseil Municipal (15 novembre 1869) demande "le classement de ce chemin qui permettrait, avec l'aide du département, un empierrement de 30 cm sur 2 100 mètres". Cette délibération (Maire : Portes Octave) n'a pas eu de suite favorable, mais nous apprenons : " que ce chemin est devenu plus nécessaire que l'Administration des Domaines vient de concéder une certaine étendue de terrain pour un établissement de bains de mer qui pendant la saison d'été a été fréquenté par un grand nombre de baigneurs du département transportés par des services réguliers de Narbonne à Gruissan." 1969 ! Cette date a permis au service des Ponts et Chaussées, que nous remercions vivement, de retrouver dans leurs archives, les pièces officielles que nous reproduissons. L'arrêté du Préfet et le plan de la concession restent le témoignage indiscutable de ce passé. |
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De petites baraques se construisent, des Narbonnais surtout, le restaurateur Dedieu crée un autre établissement à 200 mètres au Sud de celui de Gibert. |
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La fin du siècle voit donc à Bramo-fam, une petite station balnéaire en pleine essor. |
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Mais l'hivers de 1899 sera fatal car un violent coup de mer ouvre le grau de l'étang de Bramo-fam et creuse un profond chenal près de l'établissement Gibert . Celui-ci ne résistera aux hivers suivants et sera entièrement détruit et emporté par les flots. Fuyant ce danger, Dedieu démonte son établissement et l'installe près du canal que vient de creuser l'entrepreneur Rond. |
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Le XXème siècle commence, un nouvelle essor va naître ! |
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Eugène Achille Gibert (1840-1919), né dans une famille de menuisiers gruissanais, était épicier-cafetier aux 10 et 12 de la rue de la Paix. Aïeul de la famille Alléon Gimié, cet homme d'action est le courageux pionnier qui marque la naissance des chalets. |
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La plage des chalets de 1900 à 1942 |
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Le canal est la liaison rapide village-plage-mer à la grande satisfaction des pêcheurs. Une activité professionnelle se développe attirant les estivants et les constructeurs de baraques. Fuyant le grau de Bramo-Fam, Dedieu reconstruit son établissement au bord du canal en 1912. Le bord du canal a son café-restaurant de bonne renommée ! La guerre 1914-1918 crée une pause mais la paix revenue c'est un nouvelle essor. Les constructions, sur pilotis plus hauts, deviennent plus confortables. En 1925 Dedieu vend son établissement à Fabre qui le modernise. Mais il reste le problème de la liaison village-plage pour les véhicules. Tous les hivers des brèches canal-étang font des coupures aux digues. |
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En 1931, l'entrepreneur Mairone pose un gros tuyaux aux brèches (la principale devient "les 3 tuyaux"). La digue est désormais un chemin, qui sera empierré par Mairone en 1939 avec réfection sur 1 300 mètres. La circulation est facile et cars et automobiles transportent des milliers d'estivants. Ceux-ci, peu exigeants, n'auront ni l'eau courante (distribution par citerne à 1 sou le litre en 1934), ni l'électricité (l'éclairage reste la lampe à pétrole, à carbure ou la bougie). |
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Puis c'est la guerre, les chalets alignent leur tristesse ... 11 noivembre 1943, l'armée allemande occupe la plage... 1944, les chalets sont transportés sur les collines ou détuits : 578 constructions comprenant 5 habitations en dur, 6 cafés-restaurants, 1 casino, 1 colonie de vacances (aérium de Narbonne). Il reste la petite maison construite par Rond et un chalet. |
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1944: Les troupes d'occupation avaient rasé la plage, ne laissant que des monticules de matériaux informes. Seuls demeurent au dessus du cimetière du village quelques blockhauss. |
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Transport de chalets |
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plage des chalets en 1945 |
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Bon cuisinier, Dedieu anime le bord du canal Le gros bateau de pêche est le "Lutin" du Maire J. CAMP Le petit bateau transporte des baigneurs village-plage |
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Baraques construites avant la Grande Guerre |
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Plan des chalets en 1939 |
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Photo aérienne de 1935 |
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La plage des chalets après 1945 |
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Pour s'opposer à un débarquement allié, l'armée allemande avait détruit les chalets et étalé sur le rivage : fil barbelé, gros X en poutres de fer, pieux Rommel et blocs de ciment "pyramides". Avec le concours bénévole des pêcheurs, le Conseil Municipal présidé par un maire dynamique ; Batut Félicien, nettoie, sans tarder, toute la plage, ce qui permet pêche et reconstruction des chalets. La plage des chalets va connaître une grande animation. Pendant les belles nuits d'été les grandes "traines" ramènent beaucoup de sardines et dans la matinée les "caluches" offrent aux estivants un choix de poissons. |
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Rappelons la caluche de Joseph Revel (dit le Bébé) et sa femme Margot qui aidée de son fils Pierrot (dit Zébédé), vendait le poisson chalet après chalet. Deux pêcheurs, Pujol André et Louis Ambert tiraient aussi la caluche avec l'embarcation "Canada" au milieu d'estivants heureux. Mais le canal, souvent ensablé, pose un sérieux problème. Ppour désensabler surtout l'entrée, écoutant les conseils du pêcheur P. Pommarède, la Commune achète en 1949 une drague-suceuse. C'est dans d'incessants problèmes financiers et matériels que les réalisations se poursuivent. Finances aidées par un emprunt local à 5% (650 000 francs) et travail pénible de dragage confié à des employés compétents Escrotel Aristide, Bertrand Raymond, Garcia Georges ... |
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La reconstruction des chalets était une sources de revenus impoortants créant de nombreux emplois. Les indemnités "Dommage de Guerre" permettent une rapide reconstruction des six rangées prévues dans le olan de reconstruction de 1948. Les demandes d'amodiation de terrain sont nombreuses et le Conseil Municipal decide l'extension des rangées, en créant les 7ème, 8ème, 9ème et 10ème rangées. La construction des chalets sur une plage inondable reste un souci pendant un coup de mer. Le menuisier Tarisse Antoine reconstruisant l'Etablissement Fabre, récupère, avec l'aide des pêcheurs, les planches emportées par les eaux vers la digue des salins. Mais la plage des chalets "attire toujours plus"... et les festivités de 1960 avec Charles Trénet, Louis Mariano, Tino Rossi, Mick Micheyl, font une énorme publicité. |
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L'attribution et la délimitation des terrains sont faites par les services municipaux et ce n'est qu'en 1976 qu'un plan général d'arpentage fait par un géomètre expert, donne un numéro cadastral à tous les lots. Cette responsabilité dans le métrage des lots fut de 1945 à 1965, un travail sérieux confié à Monier Martin André (1884-1956) puis à Loubet Jean. Rappelons aussi que, sans chapelle, la messe était célébrée sous un grand chalet (Rangée 3, numéro4). |
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1 - Bras Joseph (1899-1929), 2 - Sauvan Marcel (1911-2005), Bras Albert (1918-1986), Bras Jean (1920-2005) |
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Le jeune Gaubert Henri (1919-1997) distribue l'eau potable à deux estivantes du terrain rond. Vente de l'eau 1 sou le litre. |
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1913 : Vue du bord du canal : deux maisonnettes et le "Lutin" construit dans la cour du patronage par Bienchéri François, amarré à Port Riac. |
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1917 : Reinstallé au bord du canal (fuyant le grau de Bramo Fam), le restaurateur Dedieu agrandit son établisement célèbre pour la préparation des sardines. |
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Etablissement Fabre acheté en 1925 au restaurant Dedieu. |
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Etablissement Fabre-Iché détruit en 1944 par l'armée allemande. |
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Un violent coup de mer ouvre un chenal mer-étang, lequel longe la digue jusqu'à Fabre, puis le terrain Rond et rejoint l'étang. |
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Les entassements et le lotissement B en 1960 ont mis fin à ca danger. |
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L'établissement Carbonel, vendu à Valentin en 1942, était frond de mer avec une énorme dune de sable. C'était le dancing populaire. |
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Miramar était un établissement moderne, bien aménagé et front de mer. Il était la propriété de la famille narbonnaise Baïsse. |
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L'établissement Thomas Raoul était aussi front de mer, mais plus au nord. |
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* Hotel / restaurant L'hotel restaurant "Au Négus" se situait en dernière rangée et son propriétaire M. Gros, ancien militaire aviateur, balisa un terrain pour avions de tourrisme. Après la guerre il organisa des "baptêmes de l'air". |
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L'établissement Limouzy était un grand hotêl restaurant d'avant 1914. Front de mer, il était aussi le dancing de la jeunesse d'avant la Grande Guerre. |
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Cf
: Gruissan d'Autrefois
n° 28, 41, 80 et 199, Gruissan les chalets de Claude FAGEDET
F. G |